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La cité administrative de Bamako : Futur théâtre d’un suicide collectif annoncé
lundi 9 juin 2014, par
Il n’existe nulle part au monde pareille concentration de ministères en un seul lieu. Sauf au Mali. Dans toute l’histoire de l’humanité, jamais témoignage d’une telle absurdité ne peut être rapporté. Sauf sur le Mali.
La cité administrative ou cité ministérielle, de son nom initial et vrai nom « la cité Mouammar Kadhafi », a été inaugurée le 22 septembre 2010 dans le cadre des cérémonies du cinquantenaire de l’indépendance du Mali et a reçu ces premiers pensionnaires, 14 ministères plus la Primature durant le troisième trimestre de l’année 2011.
Si le Président libyen était encore vivant, cette infrastructure, qu’il a financée entièrement, continuerait sûrement de porter son nom.
Ce n’est qu’à la mort de ce bienfaiteur retors aux arrière-pensées pourtant perceptibles, que ATT a osé la rebaptiser.
Pourquoi Mouammar Kadhafi n’a-t-il pas donné l’exemple en construisant à Tripoli le même complexe administratif aux mêmes fins ?
ATT, comme d’ailleurs toute la classe politique, ou presque, qui petit-déjeune, déjeune et dine autour de la marmite « lobotomisante » du consensus s’est interdit toute réflexion à haute et intelligible voix sur la question.
Et pourtant !
Cinq années auparavant, en avril 2006, feu Mouammar Kadhafi est venu au Mali, en visite officielle mais muni d’un agenda inconnu des autorités du pays. Il s’est donc promené dans le pays à l’insu des autorités, a reçu les Tuaregs et les Arabes à l’insu des autorités, a décidé de prolonger son séjour sans les en avertir.
Toujours en avril 2006, et toujours sur le sol malien, il déclare sur les antennes d’Africable :
« Le Grand Sahara a été, à travers l’histoire, une zone d’intégration et de fusion de peuples s’étendant du fleuve Sénégal jusqu’à la péninsule arabique, qui ont une seule origine arabe et qui se sont installés depuis plus de cinq mille (5000) ans. »
ATT et l’essentiel de la classe politique toujours présente autour de la marmite « lobotomisante » du consensus, qui restent empêtrés dans leurs grossières lacunes dans la saisie de l’histoire négro-africaine, se sont montrés incapables de relever les relents d’un racisme imbécile adossé à une négrophobie évidente, une manipulation de la vérité historique et un révisionnisme aussi patents.
1- Il y a cinq mille (5000) ans la race arabe n’existait pas. Ayant pour ancêtre Ismaïl (de l’aveu même des Arabes) fils d’Abraham et de la Kamite (l’Égyptienne) Agar, né à Kamita (Égypte) durant le séjour du patriarche hébreu sous la 12e dynastie, c’est-à-dire vers 2000 ans avant J.C, le peuple arabe a tout au plus 4020 ans, soit 2000 + 2012+ une majoration forfaitaire de 8 ans.
2- Lorsqu’ils ont décidé d’abandonner le nomadisme pour se fixer dans le nord du Mali, notamment, les Arabes y ont trouvé les Sonrhaïs, sédentarisés depuis la nuit des temps.
3- Les villages, les rues, les cours d’eaux, la faune et la flore de l’espace auquel fait référence Mouammar Kadhafi ont d’abord été baptisés par les sonrhaïs ; ce qui témoigne de l’antériorité de ce peuple négro-africain.
Tout le pays se rappelle que la énième agitation tuareg et arabe a éclaté le mois suivant ce discours qui semblait être un signal donné par cet homme hypocrite, menteur et truqueur.
Tout le pays se rappelle également que, sans consulter et obtenir l’accord des autorités maliennes, le défunt Président libyen a ouvert un consulat à Kidal où les Libyens, s’il y en avait, pouvaient certainement se compter sur les doigts d’une seule main ou deux.
Pour conforter le consensus qui interdit la moindre protestation et la moindre demande d’explications, ATT, fidèle à la légèreté qui caractérise ses sorties médiatiques, se contente d’affirmer, sans conviction, que le Mali, à son tour, installera un consulat en terre libyenne.
Cette attitude permanemment méprisante de feu Mouammar Kadhafi à l’endroit des autorités du pays dont il croit avoir ou sait avoir ou pouvoir monnayer leur silence complice autorise à penser, avec gravité, que la cité ministérielle est un cadeau véritablement empoisonné.
Dans ce pays où les velléités séparatistes de plus en plus fréquentes et violentes d’une minorité rejoignent, dans une alliance objective, les intérêts financiers de narcotrafiquants toujours plus cupides et la volonté insensée des jihadistes de tout bord déterminés à uniformiser, dans le moule d’un Islam intolérant, la diversité culturelle des groupes humains jusque-là en cohabitation pacifique, assurément la cité administrative offre un cadre exceptionnel pour une action d’éclat destiné à marquer les esprits.
Les Maliens, les Africains et les amis étrangers du Mali, contraints de se rendre en ce lieu pour une démarche administrative, ont constaté l’absence de fouille corporelle, de contrôle d’identité pour tous, l’inexistence de détecteurs de métaux, etc. ; autant de négligences graves qui font de l’entrée de la cité une véritable passoire.
N’importe qui peut y entrer le matin et n’en ressortir que le soir si leur cœur lui en dit.
N’importe quel véhicule peut y pénétrer avec sa cargaison camouflée sans inquiétude aucune pour le conducteur et les occupants.
Certains de bonne foi et d’autres de mauvaise foi nous accuseront sans doute de donner des idées aux ennemis de notre pays.
Pourtant, les récents événements sanglants survenus à Kidal, les 17 et 21 mai 2014,
démontrent, s’il en en était besoin, que même l’idiot du village sait probable l’occurrence, à
court ou moyen terme, d’au moins trois scenarios catastrophes qui sont les suivants :
1-Enlèvement d’un ou de plusieurs ministres facilement exfiltrables pour les raisons ci-dessus avancées. Il va de soi que ce scénario aura pour conséquence prévisible des exigences et des contreparties douloureuses pour le peuple malien et pour ce qu’il reste du gouvernement.
2- Prise en otages d’un ou de plusieurs ministres séquestrés à la cité administrative ou transférés en tout autre lieu avec la même facilité déconcertante et les mêmes conséquences insupportables pour le peuple malien et pour ce qu’il reste du gouvernement.
3- Un attentat suicide perpétré par deux ou trois kamikazes placés à des points stratégiques avec pour effet instantané, la réduction en poussière de tout le complexe administratif, de ses occupants et de ses contenus.
Sans compter d’autres innocentes victimes parmi le public conduit en ce lieu funeste par des démarches administratives.
Ce qu’il restera du gouvernement, au sortir de ce traumatisme incapacitant, et ne pouvant compter sur aucune Force de Défense et de Sécurité digne de ce nom sera contraint de faire appel à l’assistanat sécuritaire de l’étranger.
Comme on le voit aisément, l’occurrence et par-dessus tout l’épilogue de n’importe lequel de ces trois scénarios feront du Mali la risée du monde, une fois passée, rapidement, le temps de sa surprise, de son incompréhension et de la l’épanchement de ses sentiments compassionnels.
Le Mali deviendra un cas d’école.
Les sciences politiques comme la sociologie, la psychologie comme la philosophie, sans oublier les cours d’histoire et les écoles de journalisme se délecteront d’éplucher au plus près pareille bêtise humaine dans la conduite des affaires d’un État.
Les avis seront, à coup sûr, partagés dans les cercles de discussions et dans les exposés.
Si les uns se feront forts de marteler la férocité criminelle injustifiée des agresseurs, d’autres, avec justes raisons, insisteront sur l’inconscience des Ministres qui ont choisi de risquer leur vie et d’endeuiller parents, proches et entourage avec le seul objectif de pouvoir inscrire sur leur CV la ligne : Ministre ou Ancien Ministre de quelque chose.
En effet, pris au piège du consensus mis en place par ATT et reconduit, avec quelques aménagements opérés par ses successeurs, aucun ministre n’ose faire état des graves dangers que représente la cité administrative et encore moins refuser d’y emménager.
Puissent nos Vénérables Ancêtres inspirer, au plus vite, aux autorités de ce pays la Pensée Juste, la Parole Juste et l’Acte Juste afin d’éviter à notre pays l’humiliation qui en fera l’objet de sarcasmes, de quolibets et autres plaisanteries blessantes ; mais ô combien justifiés.
Amon ! Amina ! Amen !
Doumbi-Fakoly, Écrivain