Le phénomène de l’orpaillage traditionnel prend de plus en plus d’ampleur dans notre pays. Cette ruée vers l’or constitue une véritable menace favorisant la propagation rapide du VIH. Ainsi en mars 2021, les autorités sanitaires indiquaient à l’ISS que le taux de prévalence du VIH/SIDA en 2020 était de 0,9 % sur les sites d’orpaillage contre 0,5 % au niveau national. C’est dans la dynamique de jouer sa partition dans la lutte contre cette pandémie dans notre pays que l’Association malienne Hinè Ton (AMHT) présidée par l’amazone de la charité M^me Aoua Maïga a effectué les 15 et 16 juillet 2023 une mission de sensibilisation des jeunes du site d’orpaillage de Bayan et Sebekourani dans la commune de Narena sur le VIH et le SIDA.

Cette activité de l’AMHT s’inscrit dans le cadre de son projet de sensibilisation des jeunes sur cette maladie pandémique dans les zones minières du Mandé. En effet, l’ AMHT est une association humanitaire à but non lucratif, apolitique, non confessionnelle. Elle a été créée en 2018. Son objectif est de venir en aide et assister les veuves, les orphelins et les personnes déplacées et réfugiées de guerre. L’AMHT regroupe actuellement 300 femmes. L’Association mène des activités caritatives et humanitaires chaque année dans le mois de Ramadan, de la fête de Tabaski, du mois de solidarité et des activités de sensibilisation. Son slogan est : « Vivre c’est aider un autre à vivre ».

Les raisons de la mission

Ces journées de sensibilisation ont été organisées en partenariat avec le secrétariat Exécutif du Haut conseil national de lutte contre le SIDA. La présidente de l’AMHT était accompagnée de certains membres actifs de l’association dont le secrétaire général Amadou Diarra, des proches, amis, et sympathisants, ainsi que Samba Soulama, Technicien supérieur de la santé au Centre de santé de référence de la commune IV. Sur ce site d’orpaillage situé à environ 100 km de Bamako, ce sont plus de 1000 jeunes qui l’ont pris d’assaut pour exploiter le trésor jaune caché, l’or. Les zones minières étant l’une des cibles vulnérables pour la propagation du sida, il s’agissait pour l’AMHT d’éclairer la lanterne de ces jeunes orpailleurs et les professionnels de sexes sur la véracité de l’existence et du méfaits du VIH et du SIDA, leur expliquer les stratégies de prévention et de prise en charge, en même temps leur prodiguer les conseils. Lesquels conseils portent sur la fidélité, la maîtrise de soi ou à défaut l’utilisation des préservatifs. En témoignent les slogans portés sur les banderoles. Entre autre, on pouvait lire : « Chaque citoyen à droit au dépistage et au traitement du VIH/SIDA quel que soit le statut social » ; « Le sida est une maladie comme les autres. Arrêtons la discrimination et la stigmatisation » ; « Jeune, faire son dépistage pour connaître son statut est un droit, préserver sa santé est un devoir » ; « Jeune, faire son dépistage du VIH pour connaître son statut, c’est prendre de l’avance sur la maladie ».

Pour cette journée de sensibilisation sur le VIH et le SIDA, la population de Bayan est sortie massivement pour réserver un accueil de grand jour à la délégation de l’AMAHT. De prime à bord, le représentant du chef de village de Bayan, Adama Konaté a salué l’initiative de l’AMHT. Selon lui, la question sanitaire est un des soucis du chef de village. Le SIDA doit être l’affaire de tous, a noté le jeune Konaté. A en croire le représentant du chef de village de Bayan, cette sensibilisation est la bienvenue. A sa suite, le point focal de l’AMHT dans la zone du Mandé, Issa Koné, doyen des conseillers municipaux de la commune de Siby a fait savoir que le choix porté sur Bayan n’est pas fortuit. Selon lui, le site d’orpaillage de cette localité fait partie des cibles vulnérables à la propagation du virus du Sida. « Bayan ne regrettera pas d’avoir connu et accueilli l’Amht », a-t-il indiqué. Pour lui, mieux vaut prévenir que guérir. C’est pourquoi, il a lancé un appel aux orpailleurs d’aller se faire dépister pour connaître leur statut. Car, dit-il, le fléau n’est pas sans remède.

Prévenir vaut mieux que guérir

S’adressant aux orpailleurs, la présidente de l’AMHT a noté que le sida est bien réel. Mais que de nos jours, ce n’est plus une fatalité. Elle a soutenu que grâce à la science, il existe des mécanismes pour non seulement prévenir le sida, mais aussi pour arrêter l’évolution du virus pour ceux qui sont déclarés positifs. Elle a signalé que le fait de sensibiliser les jeunes orpailleurs sur les méfaits de cette maladie cadre parfaitement avec la vision de son association. Laquelle est axée sur les actes de bienveillance. M^me Aoua a également exprimé sa satisfaction pour la mobilisation générale qui prouve selon elle tout l’intérêt que Bayan attache à la problématique du sida. Elle a surtout insisté sur le dépistage des jeunes afin de réduire le taux de contamination. Dans la même veine, M^me Aoua Maïga a conseillé l’utilisation des préservatifs pour se sauver à défaut de s’abstenir. Rien ne vaut la santé, a-t-elle déclaré. « Les jeunes qui interviennent dans les zones d’orpaillage ont besoin de l’aide, car ils constituent des cibles vulnérables à la propagation du virus du Sida », a alerté la présidente de l’AMHT. En guise d’argument, elle a soutenu que rien n’est de trop pour aider la jeunesse qui constitue l’avenir du pays et le socle de tout développement. C’est pourquoi, elle a dit que l’association est dans la dynamique d’œuvrer pour la création d’un orphelinat.

En sa qualité de technicien supérieur de la santé, Samba Soulama à fait la genèse du VIH. Il a expliqué les sources de transmissions, la prévention et le traitement. A cet égard, il a souligné qu’en plus des rapports sexuels non protégés, le VIH est transmissible de façon matérielle à travers les objets tranchants ou par voie d’accouchement. Selon lui, cette maladie a détruit des couples et des foyers. Au chapitre des témoignages, le jeune orpailleur Lassana Koné raconte : « Vraiment avant cette journée de sensibilisation, je ne croyais pas sincèrement à l’existence de cette maladie. Je pensais que c’était encore de la politique. Mais à travers les explications de l’AMHT et des arguments, j’ai été suffisamment édifié. C’est maintenant je commence à avoir réellement peur du danger de ce virus tueur ». De son côté, Namory Keïta, un des chefs appelés Tonbloman, dira que la santé n’a pas de prix. A ce titre, il a déclaré : « Si l’AMHT n’existait pas, il fallait la créer ».

5184 pièces condoms distribués

Le Maire de la Commune rurale de Narena, Daouda Nambala Keïta a d’abord remercié l’AMHT pour son geste humanitaire. A l’ entendre, dans la commune de Narena, il n’y a pas de sites d’orpaillage appropriés que celui de Bayan pour mener des actions de sensibilisation sur le VIH et le SIDA. Car dit-il, il y a toutes sortes de personnes qui vivent dans cette zone. Mr Keïta a ensuite signalé que cette activité de l’AMHT permettra de sauver des vies. Il a regretté que l’un des handicaps qui freinent la lutte contre le SIDA réside dans le déficit de la communication. Pour ce faire, il a laissé entendre : « Sans complaisance, la lutte contre le sida doit être l’affaire de tous ». Il saisira cette occasion pour solliciter l’accompagnement de l’AMHT pour le développement de Narena. Après le village de Bayan, la délégation de l’AMHT a poursuivi sa mission de sensibilisation sur le VIH et le SIDA dans les puits d’orpaillage de Sebekourani. En plus des messages et conseils sur les méfaits du Sida, des kits de préservatifs ont également été distribués aux jeunes orpailleurs et filles employées dans le lavage de la boue. En somme, ce sont 5184 pièces de condoms protecteurs, soit un carton, qui ont été distribués pour cette campagne de sensibilisation.

Jean Goïta