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Film de Soussaba Cisse : « Ngunu Ngunu Kan » ou le règne de la rumeur

vendredi 3 avril 2015, par Assane Koné

En cette période de crise sécuritaire et institutionnelle, si les champs de l’espérance ont de la peine à fleurir, il faut dire que le Mali est devenu un terreau fertile pour les rumeurs, fondées ou infondées. Ce phénomène, autant dangereux que les Djihadistes qui sévissaient au nord du Mali, n’a pas échappé a l’objectif de la camera de Soussaba Cissé. Pour un coup d’essai, ce fut un coup de maitre. « Ngunu Ngunu Kan » ou la rumeur, le film long métrage de fiction de Soussaba cissé, sans être un film d’histoire, restera pendant longtemps l’un des témoignages fabuleux des événements que notre pays est entrain de vivre : la crise du Mali. Ce film a été présenté en grande première le mercredi 25 mars 2015, au cinéma Babemba.

Bien qu’une fiction, le film « Ngunu Ngunu Kan » de Soussaba Cisse, par la trame de l’histoire, traduit une certaine réalité qu’a vécu un certain nombre de maliens pendant la crise sécuritaire et institutionnelle qui secoue leur pays de puis un certain 17 janvier 2012, suite aux attaques meurtrières du MNLA contre un caserne de Ménaka. De cette date a aujourd’hui et peut être jusqu’à la fin de cette crise, les rumeurs se sont imposées comme un mode incroyable de communication.

En ce 21e siècle, perçu par tous comme le siècle de l’information, avec l’explosion des nouvelles technologies de l’information et de la communication, il est révoltant de constater que la rumeur prenne le dessus sur les informations véhiculées par les medias. Surement, c’est cette situation qui a révolté la jeune réalisatrice Soussaba Cissé, a monte au créneau avec son premier long métrage Ngunu Ngunu Kan. A travers la vie d’un déplacé du nord Mali a Bamako, la réalisatrice, dans un agencement intelligent, nous fait vivre le film de la guerre et de l’occupation du nord du Mali. L’histoire est simple, Souleymane Toure ou Soul pour ses intimes, est un animateur dans une radio de Tombouctou. Laisse pour mort par les terroristes qui l’accuse d’avoir motiver les jeunes du nord à leur résister, il sera évacué à Bamako.

C’est en plongeant l’objectif de sa camera dans les pérégrinations de Soul a Bamako, que de façon subtile, Soussaba cissé demande que la vérité soit dite pour que le Mali ne connaisse plus jamais la crise qu’il traverse actuellement. Dans un jeu subtil de la réalisatrice, Soul l’acteur principal est relégué au second plan, pour faire beaucoup plus de place aux acteurs colporteurs de rumeurs. Par cette approche, la rumeur est amplifiée à volonté comme le veulent ceux qui la portent. Partout ou Soul, individu ayant vécu les affres et les humiliations des Djihadistes, passe, il entend des folles rumeurs qui le mettent hors de lui. Témoin oculaire de certaines scènes, il n’arrive pas à supporter les déformations des faits. Rumeurs ou pas rumeurs, la crise est la et les maliens la vivent de la manière la plus dramatique pour certains.

Et, Soussaba dans une ultime tentative d’attirer l’attention des uns et des autres à éviter la division pour avancer ensemble sur le chemin du développement que les pères de l’indépendance avaient imprime a cet Etat, trouvera l’ingénieuse idée de faire chanter un aire de takamba par Haïra Arby, sur du balafon. Sans le crier, la réalisatrice démontre la rencontre et la cohésion, entre le nord et le sud du Mali. Que de leçons. « Ngunu Ngunu Kan » a été voulu par sa réalisatrice comme tel et le public l’a apprécié comme tel.

Assane Koné

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