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Espace CEDEAO : Mobiliser les citoyens pour le respect du protocole de la libre circulation

lundi 27 janvier 2014, par Assane Koné

Dans l’objectif de contribuer d’ici à la fin de 2014 à l’application effective du protocole de la CEDEAO sur la libre circulation des personnes et des biens et ses textes additionnels au Niger, au Mali, au Sénégal et en Côte d’Ivoire, 16 organisations de la société civile de l’Afrique de l’Ouest, du Maghreb et de la France, avec le soutien de l’Agence française de développement, viennent de se donner la main pour initier une action dénommée « Campagne pour la liberté de la circulation en Afrique de l’Ouest  ». Au Mali, la campagne lancée le 25 janvier 2014, est pilotée par l’Association malienne des expulsés (AME) et par l’association des ressortissants d’Afrique centrale expulsés au Mali (ARACEM).

« Respectons tous le protocole de la CEDEAO sur la libre circulation des personnes et des biens », «  Halte aux rackets et tracasseries sur nos routes » et «  Appel à la mobilisation citoyenne et à l’action pour l’efficacité du protocole de 1979  », sont autant de slogans que l’on pouvait lire sur les différents supports de campagne, au cour de la cérémonie présidé le 25 janvier 2014 au carrefour des jeunes de Bamako, par Seydou Keita, conseiller technique au ministère des maliens de l’extérieur et de l’intégration africaine.

Ousmane Diarra, Président de l’AME, a indiqué que la campagne CEDEAO de plaidoyer sur la libre circulation est une initiative transfrontalière de mobilisation citoyenne, en faveur d’une meilleure fluidité de la mobilité des personnes et des biens en Afrique de l’Ouest. Selon lui, cette campagne se déroule dans le cadre d’un projet régional baptisé «  Loujna Toukaranke ». Avant de préciser que cette dénomination est le mélange de l’arabe et du soninké qui signifie «  Comité des migrants de promotion des droits des migrants ». Il dira que ce comité regroupe environ 15 organisations de la société civile réparties dans 8 pays.

A travers la campagne qui vient d’être lancée, Ousmane Diarra a indiqué que l’objectif est de s’attaquer au manque d’internalisation des textes communautaires dans les pratiques territoriales des Etats, aux tracasseries et à la corruption dont sont victimes les voyageurs et transformateurs sur les routes et aux postes frontaliers et enfin à la méconnaissance des droits des migrants par la faiblesse de leur promotion auprès des acteurs. « A travers cette campagne, il s’agit de mobiliser, sensibiliser et interpeller les décideurs et organisations communautaires sur les pratiques anormales le long des axes routiers, transformés par des agents cupides de l’Etat en lieux de rackets et de diverses violations des droits de l’homme », a-t-il indiqué.

Trente après l’adoption du protocole, toujours pas de résultats

Il a rappelé qu’en mai 1979 à Dakar, les 15 pays membres de la CEDEAO ont adopté un protocole sur la libre circulation des personnes, des biens et des capitaux financiers. Avant de préciser que plusieurs textes additionnels ont été signés pour accélérer la dynamique d’intégration et de libre circulation des gens. « Mais, plus de 30 ans après et malgré l’existence de ce cadre juridique progressiste, on constate que la libre circulation régionale voulue par les dirigeants de cet espace communautaire connait de sérieuses entraves face à son application effective », a-t-il fait constater.

Pire, il dira que la plupart des initiatives pour permettre aux citoyens de la communauté de jouir effectivement de la liberté de circulation, du droit de résidence et d’établissement sont restés essentiellement au stade des textes. «  Les espoirs suscités au niveau des populations par le protocole ont été déçus sur le terrain par les contradictions, les contraintes et les entraves entre l’adoption des textes et leur non application sur le terrain », s’est révolté Ousmane Diarra. Il est formel : « sur les routes, la libre circulation des personnes et des biens est loin d’être une réalité ». Le Président de l’AME est monté au créneau pour dénoncer : «  Le passages des frontières est soumis à des prélèvements illicites, à des pratiques discriminatoires et à des violences ou détentions arbitraires perpétrées par des agents du service d’immigration indélicats ou des forces de sécurité ignorants les contenus des protocoles de la CEDEAO sur la libre circulation ».

Qu’à cela ne tienne, aujourd’hui, le Président de l’AME est inquiet du fait que la pression des politiques sécuritaires des pays de l’Union européenne qui conditionnent l’aide au développement à la gestion des flux migratoires. Selon lui, de nombreux Etats d’Afriques de l’Ouest se sont lancés dans des pratiques en contradiction avec les objectifs de la CEDEAO et en violation flagrante de la Convention des Nations unies sur les droits des travailleurs migrants et de leurs familles. Au regard de tout cela, il a estimé qu’il est aujourd’hui urgent que les citoyens interviennent dans le débat sur la définition des politiques migratoires. « Nous lançons cette campagne pour que la liberté de circulation au sein de la CEDEAO devienne une réalité », a-t-il conclu. Pour cette cérémonie Ousmane Diarra avait à ses côtés, Patrice Zinahad Baukar, Président de l’ARACEM et M. Coulibaly, représentant de la cellule CEDEAO au Mali.

Assane Koné

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