Opinion > Bakary Mariko, EX-porte parole de l’Ex- CNRDRE : "Quand le FDR se donne le bon rôle !

Bakary Mariko, EX-porte parole de l’Ex- CNRDRE : "Quand le FDR se donne le bon rôle !
samedi 23 novembre 2013, par
Dans un communiqué en date du 20 novembre et signé de son Porte-parole, et dont nous avons eu copie, le FDR s’est dit « choqué par la complaisance que manifeste le Gouvernement à l’égard du capitaine Sanogo qui donne l’impression d’être intouchable. Il nargue la justice depuis la mi-octobre en toute impunité alors qu’il doit s’expliquer sur la disparition et la mort de plusieurs dizaines de pères de familles dont les épouses et les enfants attendent que justice leur soit rendue ».
La crise multidimensionnelle (politico- sécuritaire) du Mali a été gérée par des accords politiques signés (l’accord du 6avril et celui du 20 mai 2012) entre l’ex CNRDRE d’une part et la CEDEAO d’autre part pour permettre le retour progressif des institutions Républicaines.
Même si le Président de ladite institution son Excellence Allassane Ouattara a dénoncé quelques jours après une partie de l’accord du 20 mai 2012 à savoir : « Il a aussi et surtout été retenu la nécessité de définir dans un meilleur délai, le rôle, le statut et les avantages à accorder aux membres du CNRDRE. A cet égard, et en particulier, le Président du CNRDRE bénéficiera des avantages accordés aux anciens Présidents de la République par la Loi. » Malgré sa dénonciation cet accord est signé cas même par leurs émissaires Messieurs Yipènè Djibril Bassolé , Adama Bictogo, les Représentants des Institutions du Mali Messieurs Dioncounda Traoré et Cheick Modibo Diarra en présence du Médiateur de la République M. Diango Cissiko et du Ministre délégué auprès du Ministre des affaires Etrangères de la République Fédérale du Nigéria. IL a été signé conformément aux décisions du Sommet Extraordinaire de la CEDEAO du 26 Avril 2012 d’Abidjan, pour prolonger le mandat des organes de la transition, et permettre à M. Dioncounda Traoré de rester Président de la Transition après le délai constitutionnel légal.
Comme les Saints Allassane Ouattara et Yayi Boni voulaient faire le cas du Mali un exemple au risque de décrédibiliser leurs Institutions (UA et la CEDEAO) oubliant par la même occasion le coût de la réputation et cela tout le monde sait pourquoi ? Sinon conformément à l’esprit et à la lettre de l’accord du 30 Avril 2012, pourquoi la CEDEAO a accepté de donner les avantages d’anciens Président par la loi au Président du CNRDRE ? Pour être plus explicite à la question de savoir : qui a dirigé le Mali entre le 22 mars et le 17 avril 2012 ? La réponse est sans ambiguïté.
Bref ce sont ces accords politiques qui ont permis au FDR de reprendre le pouvoir pendant la transition après leur contre coup-d’Etat manqué contre le CNRDRE.
C’est pourquoi aujourd’hui pour se donner une bonne conscience le FDR se dit choqué par la complaisance que manifeste le gouvernement à l’égard du Capitaine Sanogo qui donne l’impression d’être intouchable.
Le FDR est dans son rôle en tant que contre-pouvoir après son combat pour le retour à l’ordre constitutionnel contre ce que notre loi fondamentale qualifie de "crime imprescriptible" en s’attaquant à la constitution du Mali le 22 mars 2012 par un coup-d’ Etat. Même si une amnistie a été votée par l’assemblée nationale dont il était majoritaire que d’autres considèrent aujourd’hui comme nulle et non avenue, car votée sous les contraintes et les menaces des bidasses de Kati.
Mais pourquoi dans ce cas d’espèce, le FDR fait de la politique politicienne, pousse le mépris et l’amnésie jusqu’à oublier le principe sacro-saint de la démocratie dont il est le chantre à savoir la séparation des pouvoirs comme disait Montesquieu dans « L’esprit des Lois » : « Il n’y a point de liberté si la puissance de juger n’est pas séparée de la puissance législative et de l’exécutrice. »
Finalement on se demande à quoi rime tout ce cirque. S’acharner sur un homme pour une simple question de procédure dans une situation qu’on pourrait même qualifier de légitime défense.
Au même moment d’autres acteurs du même dossier sont remis en liberté et le FDR envoie une délégation chez eux pour leur saluer. Ces braves gens du FDR qui ont pratiquement tous été impliqués dans la gestion du pays pendant ces 20 dernières années, si prompts à la dénonciation oublient que si on appliquait la justice à la tête du client beaucoup d’entre eux n’allaient pas avoir aujourd’hui une voix pour s’exprimer vu leur passif.
Le FDR sait très bien que le dossier du 30 Avril 2012, est une boîte de pandore qui ouvre la porte à toutes les dérives possibles. Ce procès sera le procès de la classe politique et de l’Armée et ne fera qu’exacerber les divisions et les haines dans notre société. Les faits sont têtus :
Il est reproché au capitaine Sanogo et à dix-sept(17) autres membres de l’ex CNRDRE des actes d’enlèvements, de tortures et d’assassinats sur vingt un (21) Bérets rouges suite aux évènements du 30 Avril 2012.
Du 30 Avril 2012 à partir de 17 heures au 1er Mai 2012 au matin les Bérets rouges ont attaqué les positions de l’ex CNRDRE, à l’ORTM, l’Aéroport et la Garnison du camp Soundiata Keita de Kati. Bilan des attaques trente-trois(33) Bérets verts tués ainsi que deux(2) civils et de nombreux blessés.
Il est établit que le contre coup d’Etat a été conçu, financé, planifié et exécuté avec la complicité de certains hommes politiques du FDR. Ils ont acheté et acheminé au camp para de Djicoroni deux containers, l’un contenant des armes et l’autre des vivres et rations alimentaires. Ils avaient planifié des manifestations de soutien après la prise de Kati. Or, en procédure pénale, le complice a la même peine que l’auteur des faits.
C’est pourquoi le Président de la Transition M. Dioncounda Traoré a demandé de régler cette question dans le cadre de la Réconciliation Nationale.
C’est vrai nul n’est au-dessus de la loi et nul ne doit être mis au-dessus de la loi. Le capitaine Sanogo en tant que citoyen de son pays doit répondre à la convocation de la justice car il est présumé innocent jusqu’à la fin d’un procès équitable qui décidera de son sort, ainsi que tous les protagonistes du dossier.
Messieurs du FDR, tous les hommes sont semblables dans l’égalité de la mort, les épouses et les enfants des deux camps attendent que justice leur soit rendue. Nous sommes tous sortis du ventre de femme et que nous retournerons tous dans la nuit de la terre qui ne connait ni bérets rouge, ni bérets vert, ni FDR, ni islamo putschistes.
Oui Messieurs du FDR, il faut de la justice mais pas une justice à double vitesse, pas une justice vengeresse, pas une injustice de la justice. Car l’injustice est une mère qui n’est jamais stérile et qui produit toujours des enfants dignes d’elle. Oui Messieurs du FDR, nous savons que devant l’injustice, les peuples en viennent très vite à ne pas plus faire confiance en leurs dirigeants et à défier l’Etat.
Ah ! Les amis vous voulez faire comme Machiavel qui disait que : « quand on veut enfoncer un homme il faut le faire de la manière qu’on ne puisse plus redouter sa vengeance. »
Je vous demande d’avoir raison gardée et de laisser la justice faire son travail c’est n’est qu’une question de procédure et de temps. Il ne faut pas que votre acharnement contre Sanogo et ceux que vous appelez les islamo-putschistes dénature même le sens de la justice et crée un autre précédent très fâcheux dans notre pays.
Devant la situation dramatique de notre pays tout homme digne de ce nom doit être désolé et indigné car on dirait que tout ce qui faisait de nous ce que nous sommes se dégrade et se dénoue.
Le Mali ne gagnera jamais tant que nous continuerons ces jeux stériles en faisant des autres le symbole même du naufrage de nos espérances. Ne soyons plus FDR, ni islamo-putschistes. Soyons maliens. Ne soyons pas maliens. Soyons hommes. Soyons l’humanité. Soyons Opposition et Pouvoir dans le respect des principes.
M. Mariko Bakary
L’ex Porte-parole de l’ex CNRDRE