Le tribunal de la commune 4 de Bamako jugeait, le jeudi 25 août 2016, 19 personnes accusées notamment de « trouble à l’ordre public » au cours de violentes manifestations le 17 août dernier dans la capitale, après l’arrestation d’un chroniqueur animateur sur une radio. Un civil avait été tué et plusieurs blessés. Dix-huit personnes ont été acquittées et une seule personne a été condamnée à six mois de prison, mais avec sursis.

Le jeudi 25 août 2016 au tribunal de la commune IV, à la barre, devant les jurés, les 19 prévenus écoutaient, silencieux, le président du tribunal, Souleymane Maïga. Il a relaté les faits qui sont reprochés aux prévenus : « Trouble grave à l’ordre public, violence et voie de fait ».

Dans la cour du tribunal, un imposant dispositif de sécurité a été déployé. Le ministère public (MP) prend la parole et demande trois acquittements et 16 condamnations à des peines allant de trois à six mois de prison ferme. Malgré ce dispositif, une fois de plus, la foule a été dispersée par la police devant le tribunal de la commune IV du district de Bamako.

A leur tour, les huit avocats de la défense montent au créneau. Pour eux, leurs clients n’étaient même pas à la manifestation qui a dégénéré. L’un des avocats de la défense, M^e Malicki Ibrahim, va plus loin et affirme que parmi les accusés, certains sont de simples couturiers. La cour dans sa magnanimité, a donné le verdict de dix-huit acquittements et une condamnation à six mois de prison avec sursis. Ce procès, explique une source judiciaire malienne, est destiné à donner l’exemple. « Tout fauteur de trouble sera traduit devant les tribunaux », a-t-il ajouté.

Selon notre confrère Malinet, une autre manifestation était en cours ce jeudi 25 août 2016 aux alentours du Tribunal de la commune IV du District de Bamako. Elle a été interrompue par les policiers, qui ont barré les différentes artères qui mènent au tribunal. Des jeunes étaient venus soutenir les 19 manifestants arrêtés par les autorités au cours de la manifestation du mercredi 17 août 2016, le jour de la présentation de Ras Bath au juge.

En rappel, ces 19 personnes ont été arrêtées et mises sous mandat de dépôt par les autorités judiciaires, pour leur responsabilité directe dans les faits de violences commises lors de la manifestation en soutien à Mohamed Youssouf Bathily alias Ras Bath le mercredi 17 août 2016. Au même moment, l’enquête sur l’origine de la balle qui a tué un civil au cours des violentes manifestations se poursuit.

Et de son côté, le chroniqueur animateur dont l’arrestation a déclenché ces violences, attend la date de son procès. Pour le moment à titre de rappel, il est interdit d’antenne par la justice malienne.

Lamine Kané