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5e congrès de l’ADEMA : Le Parti SADI appelle au sursaut collectif de toutes les forces du changement pour réussir à refonder l’Etat du Mali

dimanche 24 mai 2015, par Assane Koné

« Nous devons sortir de nos illusions ! Aucun pays ne viendra nous libérer. Une liberté donnée et reçue est une liberté sous condition », la déclaration été faite par Nouhoun Keita, Secrétaire Administratif du Parti Sadi au 5e congrès ordinaire de l’ADEMA-PASJ, le dimanche 24 Mai 2015, au CICB. « Pour le Parti SADI, l’enjeu essentiel et fondamental de nos jours demeure la question de la souveraineté, de l’ingérence et de la mainmise étrangère sur notre pays. Nous devons, de toute urgence, construire une réponse collective, à travers la constitution d’un front patriotique de toutes les forces politiques, syndicales, sociales de notre pays pour résister et sortir de ce piège mortel. Celui qui détient ce levier de mobilisation et de constitution de ce front patriotique, qui est investi de la légitimité populaire, est incontestablement le Président de la République Ibrahim Boubacar Keita », a clairement indiqué le parti dirigé par le Dr Oumar Mariko. Lisez l’intégralité de la déclaration du parti SADI, lue par Nouhoun Keita.

Monsieur le Président de l’ADEMA-PASJ,
Chers dirigeants du Comité Exécutif, cadres, militants et sympathisants du Parti, Chers congressistes, Distingués invités, Mesdames et messieurs,

Le Parti Solidarité Africaine pour la Démocratie et l’Indépendance (SADI) est très heureux et honoré de prendre part à l’ouverture des travaux du 5e Congrès ordinaire de l’ADEMA-PASJ, Parti qui a contribué de façon active et significative à l’avènement de la démocratie et du multipartisme dans notre pays.

Relations difficiles entre l’ADEMA et le SADI, espoir

Notre Parti tient à vous exprimer ses vifs remerciements pour l’invitation que vous lui avez adressée et l’opportunité que vous lui offrez de s’adresser au peuple de l’ADEMA, à tous les démocrates maliens à l’occasion de ce congrès.
Il est vrai qu’entre nos deux partis, les relations sont difficiles. Mais, nous restons convaincus que nous allons surmonter nos divergences. De façon courageuse et responsable, nous scelleront les retrouvailles et nous poserons les jalons d’un partenariat actif pour l’avènement d’un changement véritable dans notre pays. Ce sera sur la base de la critique et de l’autocritique. Mais nous demandons à l’ADEMA de faire le premier pas, c’est lui qui était au pouvoir !

Monsieur le Président de l’ADEMA-PASJ,
Chers dirigeants du Comité Exécutif, cadres, militants et sympathisants du Parti, Chers congressistes, Distingués invités,

Le Mali sous tutelle politique

Les travaux de votre 5e Congrès ordinaire se tiennent dans un contexte politique extrêmement préoccupant pour l’avenir de notre pays.

 Il est occupé militairement, mis sous tutelle politique, encadré sur le plan institutionnel et même dans sa gestion administrative ;
 Une réforme institutionnelle et administrative vient de lui être imposée et qui va inéluctablement poser les bases de son démantèlement et de son émiettement en plusieurs Régions autonomes si nous n’y prenons garde ;
 Dans ces conditions, c’est la porte ouverte à l’accaparement effrénée de toutes les ressources naturelles, minières, énergétiques, au pillage accéléré et à la destruction complète des territoires et des patrimoines.

Pour le Parti SADI, l’enjeu essentiel et fondamental de nos jours demeure la question de la souveraineté, de l’ingérence et de la mainmise étrangère sur notre pays.

Réponse collective : La constitution d’un front patriotique de toutes les forces politiques, syndicales, sociales de notre pays

Nous devons, de toute urgence, construire une réponse collective, à travers la constitution d’un front patriotique de toutes les forces politiques, syndicales, sociales de notre pays pour résister et sortir de ce piège mortel. Celui qui détient ce levier de mobilisation et de constitution de ce front patriotique, qui est investi de la légitimité populaire, est incontestablement le Président de la République Ibrahim Boubacar Keita.

Il doit prendre cette initiative historique capitale et décisive pour l’avenir de notre pays fortement menacé de partition. La première initiative qu’il doit prendre est l’organisation des concertations nationales de toutes les forces vives de la nation pour discuter ensemble de notre avenir.

Le Président de la République doit ouvrir le débat national afin que notre peuple puisse analyser les racines de la guerre dans la partie nord du territoire national ainsi que l’effondrement de l’Etat, des crises politiques et institutionnelles qui ont fait dérailler le processus démocratique. De cet examen sans complaisance, devrait ressortir la nécessité de créer un Etat nouveau, assaini et restructuré, de nouvelles institutions républicaines véritablement au service des populations, des normes et procédures véritablement démocratiques.

Messieurs le Président de l’ADEMA,
Chers dirigeants du Comité Exécutif, cadres, militants et sympathisants du Parti, Chers congressistes, Distingués invités,
Mesdames et messieurs,

Les maliens fondent beaucoup d’espoir sur la signature des accords de paix du 15 mai dernier. Ils espèrent vivement que sa signature mettra fin à leurs angoisses et à leurs inquiétudes et qu’enfin, le pays, traumatisé par une longue crise politique, institutionnelle et sécuritaire, pourra repenser ses blessures et amorcer son développement.

Le type d’Etat

Mais, peut-on croire un seul instant que ces accords vont ouvrir de meilleures perspectives pour le Mali si elles occultent l’essentiel, à savoir la question de l’Etat ? Quel type d’Etat nous voulons bâtir désormais à la lumière de la grande catastrophique que nous avons vécue ?

Notre Parti en appelle publiquement à un débat de fond sur cette question essentielle. Notre conception de l’Etat repose sur l’héritage politique de nos illustres dirigeants africains, notamment les Présidents Modibo Keita, Ahmed Sékou Touré, Kwameh N’krumah, Amilcar Cabral, Julius Nyerere…

Dans leur projet politique, l’Etat indépendant devait résulter d’un effort collectif déployé pendant une longue période par une avant-garde décidée à briser la domination étrangère.

Construire un Etat indépendant supposait une mobilisation de toutes les entités ethniques et régionales autour de la conquête d’une identité nationale commune. Cette construction ne devrait s’achever que lorsque nos peuples auront mis fin aux mécanismes de domination du marché mondial.

La nation devait émerger et se consolider grâce à la mise en œuvre d’une politique autonome de développement. Cette démarche de rupture des pères de nos indépendances était parfaitement cohérente et participait de leur volonté de donner à notre continent des Etats souverains.

Le parti SADI revendique l’héritage de l’Union Soudanaise-RDA

Dans le contexte politique particulier du Mali, le parti SADI revendique l’héritage de l’Union Soudanaise-RDA qui a conduit une expérience très ambitieuse dans un grand pays enclavé, sous-peuplé. Elle posa des actes forts de rupture avec l’économie de traite coloniale imposée par la France depuis plus d’un siècle auparavant, dénonça le pacte colonial, l’extraversion de notre économie, créa une monnaie nationale pour financer le développement, mit en place une stratégie de développement autocentrée, basée sur un modèle d’accumulation interne du capital à partir de la mobilisation du surplus agricole destiné à être investi prioritairement dans l’industrialisation.

Dépérissement de l’Etat en raison de la mauvaise gestion, la corruption et le népotisme des dirigeants

De la fin de la première République à la troisième République, le dépérissement progressif de l’Etat national s’est manifesté de façon logique et systématique en raison de la mauvaise gestion, la corruption et le népotisme des dirigeants.

Le recours à l’aide étrangère pour redémarrer notre système productif a été la règle. Les institutions financières internationales, les gouvernements et les organisations internationales qui les sont proches se sont installés en force. Sur la base d’un encadrement institutionnel, ils réorganisent en permanence la prise du pouvoir d’Etat sur la base d’une alliance politique qui exclut naturellement les forces progressistes et anticolonialistes, les syndicats, les paysans et les ouvriers de notre pays.

Un Etat qui est le produit de cette alliance n’est pas capable de jouer son rôle historique. Il devient un Etat faible, impotent. La crise que notre pays traverse en est la parfaite illustration. L’Etat du Mali a été exclu du jeu par la communauté internationale. On lui a imposé une « solution ».

Dans ces conditions, où les rapports de force ne lui sont pas favorables, il devient difficile de construire un Etat nouveau surtout que le Mali fait face à des enjeux géopolitiques et géostratégiques extrêmement importants qui le dépassent. C’est pourquoi, le Parti SADI ne cesse d’appeler au sursaut collectif de toutes les forces du changement pour réussir à refonder l’Etat du Mali.

L’Etat tel qu’il est ne fera que gérer l’instabilité permanente

Convaincus que l’Etat tel qu’il est ne fera que gérer l’instabilité permanente et sera incapable d’assurer l’ordre. Fatalement, Il perdra tous ses rôles et fonctions classiques d’orientation, de conception, de pilotage, de coordination et de mise en œuvre, d’impulsion de l’économie nationale. Il paiera toujours la rançon de la dépendance vis à vis de l’étranger. Or, le défi actuel que les maliens doivent relever est de construire un Etat nouveau, poser les bases d’un développement autonome, mettre en place des procédures démocratiques nouvelles, des hommes nouveaux, construire un système démocratique qui donne tout le pouvoir au peuple. C’est la condition préalable pour créer un Etat souverain qui préserve l’unité, l’intégrité territoriale et la cohésion nationale et qui est capable de mettre en échec les ingérences extérieures. Il s’agit d’une tâche difficile, colossale. Aucun parti à lui seul ne pourra la réussir !

Je voudrais terminer mon intervention par cet appel. Nous devons sortir de nos illusions ! Aucun pays ne viendra nous libérer. Une liberté donnée et reçue est une liberté sous condition.

Je souhaite plein succès aux travaux du 5e congrès ordinaire de l’ADEMA-PASJ !
Vive le Mali, vive la République, la lutte continue ! Nous vaincrons !

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