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Campus universitaire de la colline de BALABOUGOU : Le règne de la débrouillardise

jeudi 1er décembre 2016, par Assane Koné

Les différents gouvernements qui se succèdent à la tête de la République du Mali, ne manifestent aucune volonté pour trouver une solution idoine à la sempiternelle question de l’amélioration des conditions de vie et d’étude des étudiants maliens. Faites un tour sur la colline de Balabougou, communément appelée « colline du savoir » par opposition à Koulouba, « colline du pouvoir », pour vous rendre compte des conditions de vie et d’étude exécrables des étudiants maliens.

Il y a trois (3) campus pour l’ensemble des étudiants (plus de 50.000 inscrits cette année) de l’université de BAMAKO. Le site de la FAST est un immeuble à cinq (5) niveaux avec ses 180 CHAMBRES, à l’allure de salle de classe. Cet immeuble reçoit le plus gros lot des étudiants (36 000 environs).

Conçues pour recevoir au maximum 15 personnes, ces chambres reçoivent aujourd’hui, un minimum de 25 étudiants, pour les moins occupées.

« Vous comprenez alors que nous sommes entassés comme du bétail. Les lits superposés ne suffissent plus. Certains étudiants se couchent à même le sol », nous a indiqué un étudiant, très choqué par la situation, sous le couvert de l’anonymat.

Souvent sans la petite bourse que l’Etat leur accorde à la fin de chaque mois, le gros lot des étudiants tirent le diable par la queue pour se nourrir. « Ici, pour se nourrir, c’est un vrai parcours de combattant. La plupart des étudiants du campus sont issus de familles pauvres et généralement n’ont que des tuteurs à Bamako, leurs parents vivant dans d’autres villes du pays ou au village, leur seule source de revenu est la bourse octroyée par l’Etat », a estimé MK, étudiant en 2e année droit.

Selon lui, à cause du prix élevé de la nourriture dans les cantines et souvent de qualité douteuse, certains étudiants, surtout les filles, préfèrent faire la cuisine. Comme dans la conception du bâtiment, il n’avait pas été prévu que les occupants fassent la cuisine, les couloirs, l’intérieur des chambres, l’entrée des toilettes, les balcons, en un mot le moindre espace est squatté par ces néo-cuisiniers et néo-cuisinières. Et, c’est bonjour le désordre indescriptible.

Ce désordre n’est pas sans conséquence : L’insalubrité des espaces. Il n’est pas rare, dans cet espace où la faim côtoie la disette, de voir des restes de plats en état de putréfaction avancée, débordés des poubelles toujours pleines avec des bataillons de mouches aux alentours.

Risque permanent d’incendie

Le risque d’incendie n’est pas à écarter à cause de la présence du feu un peu partout. Ce risque est même permanent.

« Récemment. Avec beaucoup de regret. Nous avons assisté impuissant à un incendie dans une chambre des filles. La violence de l’incendie a décimé tous leurs biens, notamment les vêtements, les documents, l’argent et certains objets précieux », nous a indiqué B.K, étudiant en licence d’Anglais.

Il a ajouté qu’à cause du surpeuplement des chambres, les cas de vols sont monnaies courantes, toute chose qui crée de l’insécurité et de la méfiance entre les colocataires.

« Mais, nous pensons que toutes ces difficultés ne sont rien, lorsque nous faisons une comparaison avec celles que des étudiants ont pour se nourrir, s’habiller, s’acheter des documents, se déplacer, se soigner. Nombreux sont ceux qui ne perçoivent pas la bourse de 26.250FCFA par mois », a renchéri Z.koné, étudiant en Gestion.

Il est convaincu que même ceux qui ont ces pécules ont d’énormes difficultés à joindre les deux bouts. « Les 26 250 FCFA ne couvrent même pas la moitié des besoins de certains étudiants. Les obligeants du coup à faire des petits commerces : La vente de cartes de recharge téléphonique, des habits et des brochures…D’autres, surtout les filles, font appel à leurs bailleurs de fonds que sont leurs nombreux prétendants, pour subvenir à leurs besoins », a-t-il ajouté.

Dans le cadre de notre enquête, nous avons fait un tour la nuit tombée sur le campus de Badalabougou. En cette période, profitant de la pénombre, pratiquement tous les oiseaux se cachent pour mourir. Les alentours du campus sont des espaces de rendez-vous galants. Partout, ce sont des grosses voitures qui sont venues, pour embarquer ou déposer une « proie ». Ici, on a l’impression que chacun utilise ses armes pour s’en sortir à bon compte. Et, face aux difficultés, certains ont vite fait le choix de la solution de facilité.

En attend, Salif Traoré, étudiant en 1re année Anglais, voudrais qu’on s’apitoie sur son cas. « Je suis originaire de la 5e région. Je n’ai pas de parents à Bamako. Je n’ai pas bénéficié de la bourse cette année. Donc, tout me manque : nourriture, habits et documents. Mon seul objectif, c’est de passer en 2e année afin d’obtenir cette bourse. Rassurez vous je ne suis pas prêt à abandonner malgré les difficultés », a-t-il indiqué avec beaucoup d’engagement.

Cependant, il fonde un grand espoir sur l’annonce faite par le premier ministre pour l’organisation d’un débat national pour sortir l école malienne de l’ornière. Pour lui, la question de la condition de vie des étudiants du campus mérite une profonde réflexion, à inscrire à l’ordre du jour de cette rencontre, qui ne doit pas accoucher d’une souris comme celles qui l’ont précédé. « Nous osons espérer que cette fois-ci les maux seront résolus par des actions concrètes », a-t-il conclu.

En attendant, nous constatons que toutes ces difficultés auxquelles sont confrontés les étudiants, montrent à quel point la vie est infernale au campus.

« Sans bourse et avec un trousseau qu’on ne perçoit pas souvent avant trois mois après la rentrée, vous convenez avec moi qu’étudier à l’Université de Bamako un véritable parcours de combattant. Certains étudiants de l’ex-FLASH sont obligés d aller prendre leurs cours dans les lycées comme MAMADOU SARR et pour un étudiant qui loge au Campus, cela est pratiquement impossible, sans moyen », a indiqué MK de la licence de lettre.

Ousseny Diarra dit Tiékoroba
Stagiaire


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