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Mali-niaiserie : 1, 8 milliards de salaire du Président et le drôle de panique

samedi 17 septembre 2016, par Assane Koné

« Le manipulateur est un dealer, il vous livre ses doses, vous rend dépendant et s’enrichit en vous méprisant ». 500 millions de francs Cfa, est le budget alloué au chef de file de l’opposition pour le fonctionnement de son cabinet.

Pour rappel, la Loi n° 2015- 007 du 4 mars 2015 portant statut de l’opposition politique et abrogeant la Loi n° 00-47 du 13 juillet 2000 portant Statut des partis politiques de l’opposition en République du Mali, apporte comme seule spécificité un statut au chef de file de l’opposition.

La Commission Daba Diawara qui avait défini en son temps tous les contours de la présente loi, faisait de ce statut, un des instruments de l’enracinement de la démocratie dans notre pays.

En vérité le chef de file aux termes de cette volonté politique, doit bénéficier des avantages liés au fonctionnement d’un cabinet, et à un budget lui est alloué à cet effet.

Dans certains pays la composition de ce cabinet reflète celle de l’opposition elle-même, le personnel d’appui non compris.

Au Mali, le comique vient du fait que depuis l’annonce dudit budget, les rumeurs grossièrement distillées par les réseaux du pouvoir, ont présenté les 500 millions de F CFA, comme le traitement particulier, voire un salaire du chef de file de l’opposition, et partant une rémunération attribuée à l’ensemble de l’opposition.

Si telle est la vision du pouvoir IBK du statut de l’opposition, ce que nous somme loin de l’option d’ancrage de la démocratie dont il était la trame depuis les concertations de la Commission Daba Diawara.

Dès l’annonce du budget de fonctionnement du cabinet du chef de file de l’opposition, tout l’arsenal médiatique du camp présidentiel a été mobilisé pour faire croire au citoyen malien que l’opposition elle aussi participe à la fête sur les ressources publiques.

L’objectif visé est non seulement de suggérer aux Maliens que l’opposition a sa part du gâteau, mais qu’elle n’a aucune raison de critiquer la corruption ou la mauvaise gouvernance. Pour mieux se convaincre de cette démarche, on pouvait utilement lire, les titres chocs et autres sottisiers parus dans la presse à ce sujet.

Mais les tenants du pouvoir avaient oublié qu’une telle manipulation pouvait avoir des revers, voire des effets boomerang. Il semble que les communicateurs du Président IBK aient été pris à leur jeu malsain et la boule puante envoyée à l’opposition a atterri sur la tête de Koulouba.

En effet au cours de la conférence de presse de l’opposition, le chef de file a non seulement égrené l’usage attendu de la somme de toutes les manipulations médiatiques, mais en riposte a envoyé dans les cordes les commanditaires, sinon les bénéficiaires de la cabale.

Depuis une frénésie s’est emparée de la Primature qui s’explique désormais, sur le salaire du Premier ministre.

Nos voisins doivent se marrer de voir étaler à renfort de communiqué le salaire du PM dans les média et les réseaux sociaux, et qualifiant au passage rumeurs les » nombreuses informations récemment diffusées relatives au traitement des autorités maliennes ».

Bien avant la primature, la Présidence était au créneau pour démentir le traitement de 1,8 milliards attribués au Président de la république. Là aussi le salaire du président est exhibé pour faire bonne foi.

Mais, cette excitation dans les média tels des écureuils pris dans un piège pose deux questions.

La première que le citoyen malien se pose est l’utilisation des fameux fonds de souveraineté. Les bénéficiaires en disposent-ils comme bon leur semble en dehors de tout contrôle comme de l’argent de poche ?

La seconde est quelle idée que se font les tenants du pouvoir quant au statut du chef de file de l’opposition ?

Et quelle est la compréhension de ce statut par celui qui incarne la fonction ?
S’agit –il de création de compromission à la gouvernance du moment en accréditant aux yeux de l’opinion que pouvoir et opposition sont de la même espèce, sans aucune alternative possible ?

Il reste que la campagne médiatique orchestrée autour du montant des 500 millions du budget visait ce but.

Mais depuis la conférence de presse de l’opposition les choses se déroulement autrement et à présent le Président de l’Assemblée nationale gère à sa guise un montant de 30 millions par mois, quant au Premier ministre, il est embêté que les Maliens sachent qu’il a, à sa disposition la somme de 750 millions par mois pour l’utilisation de laquelle, il n’a de compte à rendre à personne.

La Présidence de la république subitement victime d’une fièvre de transparence inhabituelle, met l’accent sur le salaire du Président et occulte la somme de 1,8 milliards par mois, révélée par le chef de file de l’opposition dans sa riposte, dont il disposerait à sa guise sans aucun contrôle.

De cela les journaux édités presque depuis Koulouba /Sébénicoro n’en pipent mots, mais s’acharnent sur les pauvres 500 millions annuels prévus par le budget de l’Etat pour le chef de file de l’opposition.

L’allocation mensuelle de ces sommes est certainement une nouveauté dans notre pays. Elle intervient sous IBK. Il reste à savoir sa justification.

C’est à ce niveau que le drôle de panique perceptible sur les montants de fonds de souveraineté, se comprend. En effet, il vient du fait que le Malien lambda pourrait se demander sur la légitimité de ces sommes en constante augmentation, pendant que le pays est à l’abandon, livré aux porte-paroles ethniques.

https://www.facebook.com/souleymane.kone.313/posts/1272946196048750


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