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Commune rurale de Tougouni : Vive tension entre Peuls et agriculteurs

jeudi 19 mai 2016, par Assane Koné

Le porte-parole du CDR (Collectif pour la défense de la République) Youssouf Mohamed BATHILY communément appelé Ras-Bath animé, hier lundi, un point de presse au Carrefour de jeunes de Bamako. Au cœur des échanges avec les hommes de médias, la tension entre les éleveurs peuls et les agriculteurs bambaras, dans la commune rurale de Tougouni(Koulikoro) autour d’un parcours réservé au passage des animaux. Objectif, prendre à témoins l’opinion nationale sur cette tension qui monte entre les deux communautés à l’approche de l’hivernage.

Pour les besoins de témoignages, Ras Bath, le conférencier principal, avait à ses côtés, le l’adjoint au chef de village de Woyan, Rahaye BOLLY.

Selon ce ressortissant du village, depuis des siècles, les animaux en transhumance traversent la région de Koulikoro pour aller vers la Mauritanie, à travers cette zone. Vers les années 2003, des paysans, notamment les agriculteurs, ont commencé à s’installer sur le parcours des animaux aux vues et aux sus de tout le monde.

Les autorités compétentes, loin de s’indigner de cette situation, en ont profité pour racketter les populations de la localité, a-t-il déploré. L’exemple le plus illustratif est celui du maire de cette commune rurale de Tougouni. En effet, l’élu de l’ADEMA, Conimba COULIBALY, puisque c’est de lui qu’il s’agit, a profité des conflits récurrents entre les deux communautés pour racketter éleveurs, a-t-il fait savoir. Pour ce faire, il a installé une fourrière afin de faire payer tous éleveurs qui se rendaient coupables de dommages sur les cultures des agriculteurs. L’éleveur était obligé de payer une somme, sans reçu, au maire afin de faire libérer ses animaux capturés dans les champs, malgré le fait que ces paysans se soient installés de manière illégale sur ces lieux. Pire, tous les contrevenants (éleveurs) étaient remis à la gendarmerie. Ils sont ensuite inculpés et mis en prison, sans aucune autre forme de procès, a déploré le conférencier.

Excédés par ces arnaques, les Peuls ont été obligés de saisir la justice pour faire reconnaitre leur droit coutumier sur le parcours consacré par la loi.

À la suite d’un premier jugement, la justice, tout en reconnaissant que la zone est réservée au passage des animaux, a procédé à une délimitation des lieux, sur une largeur à 5 ha au lieu de 5 km initialement.

Les agriculteurs ont fait appel de cette décision et l’arrêt de la Cour d’Appel a confirmé le droit de propriété des éleveurs peuls sur le parcours.
De leurs côtés, les Peuls aussi n’étaient pas d’accord avec la décision de la justice qui avait largement lésé les enleveurs en réduisant à 5 ha contre 5 Km cet espace réservé aux animaux de plus de 2 000 têtes.

Un nouveau procès initié par les éleveurs, en date du 27 novembre 2014, a finalement reconnu que le parcours fait 5 Km au lieu de 5 ha, consacrés par le premier jugement. Le parcours va de Woyan à Kana, puis de Kana à Dani et enfin de Dani à Woyan.

À la fin de cette procédure, les juges ont invité les services du Génie rural de Koulikoro à délimiter le parcours pour éviter tout conflit autour de la zone entre éleveurs et les agriculteurs, depuis le 10 janvier 2015.

Pour mener ce travail, l’agent Adama GUINDO, selon le conférencier, a reçu la grosse du jugement n° 137 en date du 27 novembre 2014. Malheureusement, le Génie rural, pour des raisons qui lui sont propres, n’a pas mis en exécution cette décision de justice. Selon le chef de village, ces derniers réclament leur « part de gâteaux » pour une activité qui relève des missions du service public.

Aujourd’hui, les éleveurs sont obligés d’amener en transhumance leurs animaux vers la Côte d’Ivoire ou la Mauritanie pour échapper, à la fois, au conflit communautaire et aux arnaques des agriculteurs. Là aussi, la tâche n’est pas facile. Ils sont obligés de faire la vaccination de toutes les vaches et de payer des taxes aux pays hôtes.

Cette année, les éleveurs sont décidés à exploiter leurs parcours convenablement, a lancé le conférencier. À cet effet, ils s’apprêtent, dit-il, à toutes les éventualités, même à la violence, s’il le faut pour que les animaux restent sur le territoire national.

De l’avis du conférencier, si par malheur, il y a affrontement entre les deux communautés, l’État ne peut évoquer une méconnaissance du problème. Car, cette situation persiste, depuis un an, et l’État a été informé, voire même sollicité pour délimiter le parcours, en vain. Aujourd’hui, si les éleveurs décident de défendre, par tous les moyens, un héritage et un droit consacré par la justice de notre pays, ce n’est pas par incivisme ou par une quelconque désobéissance, mais par un pur abandon à son triste sort de l’État d’une communauté. Car c’est la survie de leur cheptel qui à l’origine de leur agissement, a-t-il prévenu.

« Si chacun, de par la portion du pouvoir qui lui est conféré par la loi, fait ce qu’il veut de ce pouvoir, alors, nous pouvons dire qu’au Mali, l’insécurité n’est pas que d’origine terroriste et djihadiste, mais c’est aussi, la mauvaise gouvernance, le laxisme, l’anarchie et l’inconscience professionnelle au sein de l’administration », s’est insurgé le conférencier.

Face au constat amer, le porte-parole du CDR dira que la République est en danger.
Aujourd’hui, les victimes affirment, preuve à l’appui, que toutes les autorités compétentes ont été informées de cette situation, les présidents des institutions, dont celui de l’Assemblée nationale de même que le ministre de l’Agriculture.

Par Abdoulaye OUATTARA
(Sur Facebook)


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