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Uranium : Une conférence pour mettre fin à l’exploitation à travers le monde

mercredi 9 octobre 2013, par Assane Koné

Après Bamako en 2012, la Tanzanie a abrité la rencontre internationale sur « Uranium : impact sur la Santé et l’Environnement » co-organisée par l’organisation internationale des Physiciens pour la prévention contre la guerre nucléaire (IPPNW) ; le Centre tanzanien des Droits Humains ; le CESOPE (structure de la société civile tanzanienne qui œuvre pour la promotion de l’éducation civique de la lutte contre la pauvreté et la défense de l’environnement) ; la coalition nationale tanzanienne de l’uranium ; la Représentation Est-africaine de la Fondation Rosa Luxemburg (FRL-WA) et Uranium Network.

Cette rencontre qui s’est déroulée du 4 au 6 octobre 2013 enregistré la présence de plusieurs organisations de la société civile d’Afrique (Niger, du Mali, du Tchad, du Sénégal, de l’Afrique du Sud, du Cameroun, de la Namibie), d’Europe (France, Allemagne, Suisse, Autriche), de la Mongolie, du Canada, de l’Australie et des Etats-Unis. C’est dans la salle de conférence de Blue Pearl Hotel de Dar Es Salaam que les travaux se sont ouverts sous la présidence du Ministre tanzanien de la santé le Dr Ousseyni Mwini.

Mme Helen Kijo-Bisimba, Directrice exécutive du Centre tanzanien des droits humains, Joan Leon de la Fondation Rosa Luxemburg Afrique de l’Est, Günter Wippel du Réseau Uranium-network, Professeur Andreas Nidecker, Président de l’international des médecins et des physiciens pour la prévention de l’énergie nucléaire (section Suisse) dans leurs interventions respectives ont souhaité la bienvenue aux participants venus du monde entier. Ils sont placés cette rencontre internationale dans son contexte historique et ont dressé des constats accablants sur l’exploitation de cette ressource particulièrement dangereuse pour la santé des populations et leur environnement.

Le continent africain est le plus exposé aux conséquences désastreuses de l’exploitation de l’uranium. La tenue cette année de la rencontre en Tanzanie illustre ce constat amer. Les interventions qui ont ponctué les travaux ont mis en lumière un certains nombre de constats : les gouvernements signent des accords de prospection et d’exploitation sans consulter ni même informer les populations. Celles-ci ne s’en rendent compte que quand ces sociétés s’installent sur le terrain. Pire, les collectivités territoriales sont exclues des négociations des contrats miniers, notamment sur la fiscalité. Elles éprouvent d’énormes difficultés d’accès à l’information minière.

On note également de graves atteintes aux droits économiques, sociaux, culturels et politiques des citoyens et des communautés vivant sur les sites des projets miniers, le pillage des ressources naturelles et la spoliation des populations locales (perte des ressources vitales comme l’eau potable, l’air pur, la terre, les plantes utilitaires ou médicinales), les violations de la législation du travail, ainsi que la privation de toute possibilité concrète de participer en connaissance de cause et de façon responsable au processus de l’Etude d’Impact Environnemental et Social.
Un constat partagé unanimement par les participants est l’accaparement, le blocage ou la destruction des activités économiques traditionnelles, du patrimoine culturel, des valeurs sociétales cardinales et des mœurs, bases de l’existence des communautés locales. La seule perspective offerte aux populations locales est de travailler comme ouvriers sur les sites miniers industriels, possibilité extrêmement limitée à cause du manque de qualification professionnelle pertinente.

Par ailleurs, ils ont souligné que les Etats africains perçoivent des revenus dérisoires et injustes en comparaison des gains obtenus par les compagnies minières. Aussi, certains pays accusent un retard dans la mise en œuvre d’une réglementation spécifique concernant les minerais radioactifs, notamment l’uranium, ressource énergétique aux composants hautement toxiques et extrêmement dangereux, dont les effets sont irréversibles sur la santé et l’environnement. Ensuite, ils ne disposent pas d’une expertise affirmée pour maitriser toutes les étapes nécessaires à l’ouverture d’une mine d’uranium, ni prévoir le coût financier que sa fermeture pourrait occasionner avec des conséquences irrémédiables sur l’environnement pour des millions d’années. Les exemples de Fukushima au Japon, Tchernobyl en Union Soviétique et Wismut en Allemagne sont édifiants. D’où cet appel pressent de l’ensemble des participants aux États africains à ne pas s’engager dans des projets d’exploitation de l’uranium et à tirer profit de l’expérience de certains pays du Sud comme du Nord qui ont de très gros problèmes de gestion des déchets nucléaires. L’objectif pour les participants est d’amener les États à promouvoir les énergies renouvelables qui préservent le capital écologique de l’humanité et offrent un avenir plus sûr aux générations futures.

De Dar Es Salam, Nouhoum Keita

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