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Achat de 25 000 T de riz par l’OPAM : Et si les délais du bailleurs motivent l’absence d’un appel d’offre

lundi 30 mars 2015, par Assane Koné

L’Office des produits agricoles du Mali a acheté 25 000 Tonnes de riz à des organisations paysannes sans appel d’offre. Cette situation cache-t-elle une magouille , comme veut le faire comprendre certains acteurs ? Lisez notre enquête.

« Face aux difficultés de commercialisation du riz dans les zones de production maliennes, notamment dans la zone office du Niger, les plus hautes autorités du pays ont initié un projet d’ achat », nous a indiqué Salif Diarra, PDG de l’OPAM.

Selon lui, ce projet d’achat est financé par un accord de prêt entre l’Etat du Mali et Banque islamique de développement pour l’acquisition de biens alimentaires. « Dans le cadre de cet accord, les délais de réalisation étaient limités dans le temps. Aux termes de l’accord, le Mali avait l’obligation de faire les achats dans un délais de 4 mois et avait 6 mois pour vendre afin de rembourser le prêt », nous a indiqué Salif Diarra.

Selon lui, c’est compte tenu de ce délais relativement court, les procédures de marché public ne pouvaient pas être respectées. « Nous avons écrit une demande de non objection à la Direction général des marchés publics. Elle a répondu favorablement à notre demande, en exigent que la liste des fournisseurs retenus soient mise à sa disposition », a-t-il expliqué. Avant d’ajouter que l’Accord de prêt est rentré en vigueur le 24 décembre 2014 et les achats doivent être boucler en Avril 2015.

« Si l’Etat n’arrive pas à respecter ce délais, la BID reprenait ses sous », a-t-il précisé. Avant d’ajouter que c’est face à cette situation, que l’OPAM, sous la supervision du Commissaire à la sécurité alimentaire, a traité avec la plate forme malienne des producteurs de riz. Et, des conventions ont été signées avec des organisations paysannes pour la fourniture de 25 000 Tonnes de riz.

« Je pense que le PDG de l’Office de l’OPAM est victime de certains opérateurs économiques qui ne pensent qu’à leur seul profit, au détriment de celui des consommateurs et des producteurs de riz maliens », nous a indiqué Fagniry Bolly, secrétaire général du syndicat des producteurs de la zone office du Niger et Président de la plate forme malienne des producteurs de riz.

Selon lui, il y a plusieurs années que les producteurs ouest africains de riz, se battent pour avoir des achats institutionnels de leur Etat, afin d’encourager la production. « Si aujourd’hui, l’Etat du Mali grâce à un prêt de la BID lance un projet pilote, nous autres riziculteurs maliens ne pouvons que saluer cette initiative courageuse du gouvernement », a-t-il indiqué. Avant de dire qu’il n’est pas surpris des attaques contre le PDG de l’OPAM que certains opérateurs prennent en ennemi.

« Sans ces achats de 25 000 tonnes, chez nous à l’Office du Niger, le prix du kilogramme de riz tombe à moins de 200 FCFA, alors qu’il est revendu sur le marché de Bamako à plus de 300 FCFA », a-t-il ajouté. Mieux, il dira qu’au moment où le paysan, après 6 mois de durs labeurs, n’a que 10 FCFA sur le kilogramme de riz, le commerçant à l’issu d’une week-end de séjour dans l’office du Niger, se tape 100 FCFA de bénéfice sur le kilogramme de riz acheté. « Face à cette situation, si l’Etat n’intervient pas, le pays court un grand risque d’assister à l’abandon des champs. Chez, nous, il y a déjà des jeunes qui ont opté pour le métier de coxer de vendeur de riz au détriment des travaux champêtres qui à leurs yeux ne rapportent rien », a-t-il indiqué.

Fagiry Bolly dira que lorsqu’ils ont eu vent du prêt accordé à l’Etat du Mali par la BID, qu’ils ont approché le Commissariat à la sécurité alimentaire pour avoir un quota. Et, au regard des difficultés de commercialisation du riz produit au Mali, le Commissariat leur a donné un quota de 25 000 tonnes. « Mais, pour éviter les mauvaises expériences du passés dans d’autres filières, la plate forme s’est refusée de signer les conventions au nom des organisations paysannes. Les négociations bouclées, chaque organisation paysanne a été conviée pour venir signer sa convention avec l’OPAM », a-t-il indiqué.

Chose surprenante, c’est en ce moment que certains commerçants nous ont approché pour des achats, au motif qu’ils sont à mesure de mettre immédiatement de l’argent à notre disposition, contrairement à l’OPAM.

Le Président de la Plate forme malienne des producteurs de riz, a salué le courage du gouvernement malien, du Commissariat à la sécurité alimentaire et du Directeur de l’OPAM. « Je vous déclare qu’aucun producteurs malien n’a versé de l’argent à qui que ce soit au Commissariat à la sécurité alimentaire ou à l’OPAM pour avoir une convention de fourniture », a-t-il conclu.

A analyser la situation de près, l’on se rend compte que l’OPAM et le Commissariat à la sécurité alimentaire sont victimes d’un mauvais procès. A lire la liste des fournisseurs dans le cadre de cette opération, on se rend compte qu’en définitive ce sont 12 300 tonnes qui seront fournies par 16 organisations de producteurs à Ségou, San, Nino, Macina et Bamako. Le reste, à savoir 12 700 tonnes seront livrées par des opérateurs économiques. Tout porte à croire que des spéculateurs du secteur de la commercialisation voudraient bien avoir le monopole de la livraison des 25 000 T à l’OPAM. Ils seraient probablement hostile à l’achat direct effectué par l’OPAM auprès des paysans.

Assane Koné

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