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Motion de censure : Et si l’opposition revenait à la charge !

mercredi 12 novembre 2014, par Assane Koné

Animée d’une volonté de créer une synergie d’actions et de rappeler les gouvernants à l’ordre par rapport à la gestion publique, l’opposition avait déposé en juillet dernier, une motion de censure du gouvernement de Moussa Mara, qui par la suite a été rejetée en bloc par les partis de la majorité. Cinq mois après, les amis de Mara ne cachent plus leur déception et demande au gouvernement actuel de présenter des excuses aux Maliens pour avoir trompé leur vigilance.

« Toute la vérité n’a pas été dite au moment du vote de la motion de censure que l’opposition avait déposée pour demander la démission du gouvernement Moussa Mara. Nous avons voté contre la motion de censure, parce que nous ne savions pas la vérité. Mara et son gouvernement doit présenter des excuses au peuple malien pour avoir trompé sa vigilance », a déclaré l’honorable Oumar Mariko, à la faveur d’une conférence organisée par l’initiative pour le changement au Mali (Icma).

En effet, il ne souffre l’ombre d’aucun doute qu’IBK est aujourd’hui seul face aux difficultés de la nation. Les affaires sales ont fortement contribué à polluer l’atmosphère entre son pouvoir et les populations d’abord. La suspicion s’est propagée jusqu’au niveau des partenaires techniques et financiers. Curieusement, le président de la République, semble pitoyablement seul à faire face à ce qui est une fronde généralisée.

Les hommes choisis par ses soins pour l’épauler ayant à majorité été des bidons vides s’occupant plus de leur propre confort. Le Mali est meurtrie, affaiblie et humilié devant les pays amis. Certes la nation revient de très loin. Mais, face à la réalité, il est du devoir de chacun de s’assumer sans partie pris.

Appelé à la rescousse d’un régime en panne de compétences par un président de la République sérieusement affaibli et aux abois suite au jet d’éponge de l’autre Premier ministre pour des raisons de « dysfonctionnements graves dans la gestion de l’équipe gouvernementale », la volonté qui devait animer l’équipe Ibrahim Boubacar Kéita et Moussa Mara s’est transformée en un véritable duel au sommet de l’Etat.

Tant ses actes et propos tranchent avec l’image de collaborateur ou d’exécuteur zélé qu’il veut se donner à travers notamment ses diatribes et autres envolées lyriques devant les députés à l’Assemblée nationale lors de sa Déclaration de politique générale et ses justifications maladroites sur les réseaux sociaux au sujet de l’achat de l’avion présidentiel, Moussa Mara s’est fait un obstacle majeur au succès du quinquennat du président Ibrahim Boubacar Keita.

Aujourd’hui, il est évident qu’au lieu d’être un allié, un soutien et à la limite un paravent pour le pouvoir d’IBK, le Premier ministre est loin d’être l’homme qu’il aurait fallu à la Primature en un moment aussi délicat pour notre pays.

Les défis auxquels le Mali est confronté en cette année de 2014 sont nombreux, complexes, multiformes et multidimensionnels. Tout est aujourd’hui prioritaire au Mali. Mais la priorité absolue reste incontestablement la relance du secteur de l’économie et la situation de l’intégrité du territoire.

Si Ibrahim Boubacar Kéita a été élu sur la base d’un programme, les questions sécuritaires et la défense de l’intégrité du territoire y occupent une place de choix. A ce sujet, la situation demeure encore d’autant plus volatile que le scepticisme l’emporte.

La DPG richesse en volume et promesse qui devait apporter des éléments de réponse concrète à ces préoccupations selon un ordre de priorité bien établi, s’est avéré une véritable catastrophe, à cause de l’absence de clarté, de lisibilité, de vision et de chiffres devant accompagner ce qui est apparu aux yeux de nombre observateurs comme une simple chanson de belles intentions théoriques. Pis, confondant vitesse et précipitation, M. Mara a enfoncé le clou en perdant son sang-froid, sa sérénité et toute lucidité, lorsqu’il a cru pouvoir trouver son salut dans des attaques gratuites et grossières contre ses devanciers, dont son président même.

Au regard de l’évolution de la situation, le Premier ministre se présente aujourd’hui comme le pire des occupants de cette fonction au Mali. L’évidence est aujourd’hui, si le président ne prend pas garde, son Premier ministre risque d’accélérer son échec dans son quinquennat à la tête du pays.

C’est très dommageable eu égard à l’extraordinaire mobilisation de la communauté internationale au chevet du Mali et les souffrances endurées ces dernières années par les populations maliennes du fait de la crise et de ses conséquences que le gouvernement fait fi des préoccupations. Pour un coup de frein, le peuple doit recadrer les autorités.
Malheureusement, au Mali, personne ne s’assume. Finalement, chacun se tire la couverture sur soi.

A l’absence d’un manque de volonté de bonne gouvernance du pouvoir pour redresser et redonner espoir au peuple, l’opposition constructive est encore face à l’histoire, après celle de juillet dernier. Elle doit s’unir pour nous sortir de l’ornière en jouant sa partition dans un cadre démocratique.

Cette initiative des représentants de la nation, du moins le souhait des Maliens va pousser le Premier ministre à être plus pugnace, plus conquérant et plus engagé pour relever les nombreux défis. Au lieu de s’adonner en spectacle. Sinon, les préoccupations sont claires, connues et sues de tout le monde. Et Mara en est conscience. Seulement voilà, il n’a pas de réponses appropriées aux préoccupations du peuple. Avant que les partenaires du Mali imposent leur volonté au président, le gouvernement devait procéder à une sanction politique contre ceux qui ont trompé le peuple à travers des marchés sulfureux.

Nos députés sont interpellés à l’hémicycle face à la situation. Un échec d’IBK conduira notre pays dans le mur. Ce débat est une notion de vitalité de notre gouvernance. Mais, si les députés s’assoient et observent, l’histoire va les condamner.

Bréhima Sogoba

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