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Réchauffement climatique : Quels impacts sur le Mali ?

jeudi 27 octobre 2016, par Assane Koné

Cycles de pluies altérés, sécheresses, baisse des rendements agricoles. L’impact du changement climatique frappe de plein fouet les pays du Sahel. Ce phénomène est un défi supplémentaire pour ces Etats extrêmement fragiles préoccupés en priorité par leur situation sécuritaire. Ainsi, trois grands secteurs couverts sont à la base de la quasi-totalité des émissions et la séquestration des gaz à effet de serre. Il s’agit de l’Energie, l’Agriculture et les Forêts.

« Le Mali émet 0,06% des émissions mondiales et reste un pays qui absorbe les gaz à effet de serre (GES) à ce jour. Cependant au cours des 30 dernières années la température a augmenté de 0,7°c (0.3 à 1.4°c) par rapport à 1951-1980 et la pluviométrie a diminué en moyenne de 6 à 36% entraînant un déplacement des isohyètes de 200 km vers le sud. L’isohyète 1200 mm n’existe plus sur la carte du Mali. Coefficient de variation 16% au Sud et 43% au Nord », a révélé le directeur des applications météorologie et climatologique, M. Birama Diarra.

Au vu de l’augmentation constante, plus fréquente et intense des vagues de chaleur au cours des 50 dernières années entrainant des morts d’animaux, la disparition des espèces, la sécheresse et les vents violents en début de saison, entraîne des dégâts souvent importants.

De l’avis de M. Diarra, d’ici 2025 la température risque d’augmenter de 2°c et la pluviométrie va diminuer de 10 à 15%. Toute chose qui peut engendrer un démarrage et une fin difficile de la saison des pluies, poches de sécheresses (déficit d’eau) pendant la saison des pluies, diminution de la longueur de la saison et de la production agricole ; exode rural ou migration humaine et animale etc.

A cela, il faut noter l’insécurité alimentaire, problème de santé humaine et animale, problèmes de transports, des ressources en eau et des BTP. Avec à la clef, la désertification (dégradation de la forêt, la faune et de la flore, des sols), érosion éolienne et hydrique des sols (plus de 7 tonnes de perte/ha/an soit plus de 30 millions de tonnes des superficies cultivées par an) et l’avancée du désert au sud de 7 km/an.

Selon les rapports publiés par le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA), au Mali, en juillet dernier, « environ 54 600 personnes, soit 7 660 ménages, sont touchées par la pénurie d’eau, de même que de nombreux troupeaux, dans les régions de Gao et Tombouctou. » a déclaré OCHA-Mali.

Toujours dans son rapport, OCHA-Mali a indiqué que la sécurité alimentaire est menacée par les effets du changement climatique : « La pénurie d’eau n’est pas sans conséquence sur la population malienne estimée à 17 millions d’habitants. L’insécurité alimentaire touche environ 3,1 millions de personnes pendant la période de soudure qui va de juin à août ».

Aujourd’hui, « 410 000 personnes ont besoin d’aide immédiate et plus de 750 000 enfants sont menacés par la malnutrition aiguë », a estimé l’organisme des nations-unies avant de souligner que l’ensablement du fleuve Niger n’est pas en reste.

Dans le même registre, il est important de rappeler que le changement climatique affecte de plus en plus la production et la productivité agropastorale au Mali particulièrement dans le septentrion.

Position malienne dans les négociations internationales

Aux dires de M. Birama Diarra, la position malienne dans les négociations internationales de la COP22 prévue du 07 au 18 novembre à Marrakech, sera axée sur quatre (4) priorités que sont le financement, l’adaptation, le transfert de technologies et l’atténuation.

Le financement permettra de mobiliser les ressources annoncées en 2013 des pays développés pour le fonds d´adaptation à la cop19, ainsi que le fonds pour les PMA. « Le Mali souhaite le rehaussement du prix de carbone qui est presque insignifiant à ce jour dans le cadre du MDP afin de renforcer les ressources du fonds d’adaptation », a confié l’expert des questions climatiques à Mali-Météo.

S’agissant de l’adaptation aux effets des changements climatiques, M. Diarra a proposé une mise en œuvre de l’initiative africaine pour l’adaptation (IAA) et l’initiative africaine pour l’agriculture qui restent très primordiales pour lutter contre les effets des changements climatiques.

Concernant le transfert de technologies et le renforcement des capacités, il contribuera à renforcer les capacités et le financement de la recherche et les observations systématiques sur le climat et l’environnement, en vue d´améliorer les observations systématiques et les capacités au niveau des pays en développement pour la préparation et l´adaptation aux changements du climat.

Quant à l’atténuation ou réduction des émissions de GES, le Mali se propose dans la CPDN des actions concrètes de réduction par l’utilisation des énergies renouvelables, la réduction des engrais par l’utilisation des fumures organiques, le renforcement de la foresterie.

Contribution déterminée au niveau national (CDN)

Dans les principes et grandes orientations de la contribution du Mali, les secteurs couverts sont l’Energie, l’Agriculture et les Forêts qui sont responsables à eux trois de la quasi-totalité des émissions et la séquestration des gaz à effet de serre.

En effet, « l’ambition de réduction des GES du scénario d’atténuation (29 % pour l’agriculture, 31 % pour l’énergie et 21 % pour les forêts) implique des actions volontaristes favorables au développement du pays et à l’amélioration des systèmes de production : accélération de la prise en compte des énergies renouvelables dans les mix énergétiques, amélioration des performances des processus de production agricole, réduction des pertes forestières et reboisement intensifs... », a soutenu M. Sidiki Konaté, spécialiste des questions climatiques.

Et de poursuivre que l’ambition de la contribution du Mali permettra au Mali de limiter les impacts négatifs des CC sur l’agriculture et les occurrences des risques de catastrophes naturelles (sécheresses, inondations, feux de brousse).

Au regard de défis climatiques et ses conséquences désastreuses, les autorités maliennes doivent assumer leurs responsabilités par une démarche participative, de manière ambitieuse, en construisant un nouveau paradigme intégrant pleinement la dimension humaine en complément des dimensions économiques et écologiques.

Moussa Mallé SISSOKO


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