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Pyramide du Souvenir : Une exposition photographique veut savoir ce que le Mali a fait des patrimoines des Semaines et des Biennales
mercredi 25 décembre 2019, par
« Acteurs des Semaines et des Biennales, Que sont-ils devenus ? ». Ce thème suffisamment interpellateur est au centre d’une exposition de photographies à la pyramide du Souvenir depuis le 19 décembre 2019. Mais, tout comme son thème, cette exposition pose la sempiternelle problématique de la préservation du patrimoine généré par les Semaines de la jeunesse et les Biennales artistiques et culturelles.
Qu’il soit physique, en termes d’archivage ou qu’il soit humain, en termes d’acteurs culturels révélés au Mali et au monde, malin est celui qui pourra dire au Mali l’Etat dans lequel se trouve le patrimoine généré par les différentes éditions des Semaines de la jeunesse et des Biennales artistiques et culturelles.
Dans son rôle et dans sa mission de préservation du souvenir et de revitalisation de la mémoire collective, il était tout à fait normal que dans cette période où notre pays est la capitale de la photographie africaine, à travers la 12e édition de Biennale Africaine de la photographie, que la Pyramide du Souvenir nous propose une initiative. Et, joignant l’utile à l’agréable, elle a opté pour une exposition photographique sur le thème évocateur : « Acteurs des Semaines et des Biennales, Que sont-ils devenus ? ».
Il ne pouvait en être autrement car la direction de la Pyramide du Souvenir voulait une exposition qui doit faire revivre les temps forts des semaines et des biennales. Mais, pas seulement. Elle devait aussi évaluer les différentes éditions à travers ce que sont devenus leurs grands acteurs : dramaturges, chorégraphes, compositeurs d’œuvres lyriques, comédiens, chefs d’orchestres et chanteurs en chœur ou en solo. Quel challenge ?

Et, d’entrée de jeu, Fadima Coulibaly, Directrice de la Pyramide du Souvenir, au vernissage de l’exposition intitulée « Acteurs des Semaines et des Biennales, Que sont-ils devenus ? », a planté le décor, en mettant un accent particulier sur l’importance de l’organisation de telles manifestations. « Si les Semaines de la jeunesse sous la première république et les Biennales artistiques culturelles n’avaient pas existé, il aurait fallu les inventer, tant ces rassemblements populaires de jeunes venus de toutes les régions du pays, ont longtemps fait notre fierté nationale aux yeux de l’Afrique et du monde », a-t-elle déclaré. Avant d’annoncer que nombres d’Etats voisins du Mali s’en sont inspirés dans leur politique de mobilisation de la jeunesse.
Selon elle, les pères de l’indépendance du Mali et les gouvernements qui se sont succédés à la tête du pays avaient vu juste en offrant une opportunité à la jeunesse pour poser les problèmes susceptibles d’entraver la marche vers le progrès social. « La culture devient ainsi le ciment de la nation avec une constante mobilisation de la jeunesse engagée et militante, mobilisée comme jamais pour son épanouissement total », a-t-elle déclaré. Avant de révéler que ce fut une belle occasion pour des milliers de jeunes, engagés ou en quête de renom dans les arts chorégraphiques, les arts lyriques et les arts dramatiques de faire leurs premières armes sur les planches et les tréteaux dressés dans les stades et sous les chapiteaux. « Certains se sont fait un nom dans la danse, la musique, le théâtre, nombreux sont cependant ceux-là qui sont restés dans l’anonymat, tous ayant le même mérite pour leur contribution au rayonnement des expressions culturelles, diverses et plurielles de la culture nationale », a-elle estimé.
Et, face à un tel constat, elle s’est interrogée : Que sont devenus tous ces talents qui se sont illustrés lors des semaines de la jeunesse et des biennales artistiques et culturelles ? Mais, au-delà de cette question, la Directrice de la Pyramide du Souvenir a posé la problématique de la préservation du patrimoine généré par les Semaines de la jeunesse et les Biennales artistiques et culturelles. Et, pour preuve, elle n’a pas manqué de révéler que l’exposition photo « « Acteurs des Semaines et des Biennales, Que sont-ils devenus ? », dans son concept et dans sa réalisation a été un véritable parcours de combattant à cause de l’absence d’archivage documentaires et photographiques. Elle a cependant dit merci au CNCM, à l’AMAP et à la Direction des Archives Nationales pour leur collaboration.

« En effet, il y a 57 ans, naissait l’idée d’organiser les Semaines nationales de la Jeunesse. Ces rencontres, au moment de brassage de la jeunesse malienne, avait pour but de restaurer et de réaffirmer l’identité culturelle face à l’acculturation vécue durant la période coloniale et la valorisation de notre riche patrimoine culturel », a déclaré Almamy Koureichi, Chef de Cabinet du Ministre de la culture. Selon lui, à l’inauguration de la Librairie populaire du Mali, en 1961, Monsieur Halidou Touré, Secrétaire des affaires culturelles et de la Jeunesse de l’Union Soudaine RDA, disait : « Dans tous les domaines, dans celui de la culture notamment, notre peuple a été ignominieusement dépersonnalisé par le honteux système colonial. Notre histoire a été dénaturée, bafouée. Notre culture, nos civilisations ont été dénigrées, sabotées au profit de celles du colonisateur qui a tenté de mieux nous asservir par une pernicieuse politique d’assimilation ». Et, d’ajouter que les administrateurs, ethnologues et philosophes coloniaux avaient véhiculé des idées et des pensées réductrices de la culture « nègre » qualifiée d’arriérée pour ne pas dire sauvage. « Nous étions des sujets à civiliser, alors même que nos cultures faisaient partie du patrimoine culturel humain le plus ancien du monde », a-t-il déclaré. Mais, au-delà, de cette lutte idéologique, il dira que la revalorisation culturelle visait aussi et surtout à consolider l’unité nationale et la construction d’une culture nationale fondée sur les valeurs partagées par les différentes communautés du peuple malien. « II s’agissait d’insuffler un nouvel élan culturel pour ancrer notre jeunesse dans nos valeurs sociales, morales et philosophiques », a-t-il déclaré. Avant d’estimer que « le vernissage de l’exposition photographique sur le thème : « Acteurs des Semaines et des Biennales, Que sont-ils devenus ? » est un clin d’œil et un moment de reconnaissance à tous les acteurs des premières générations de ces rencontres ».
A travers cette expositions, ‘’les trésors exhumés afin que ne s’éteigne le feu de la mèche patriotique’’, ont été regroupés sous des rubriques : Ambiance des Semaines de la jeunesse, Esprit des Biennales artistiques et culturelles, Acteurs des Semaines et des Biennales : Ils ont fait du Mali une puissance culturelle, Spectaculaire ouverture de la Biennale artistique et culturelle de Ségou en 2005, Grandiose ouverture de la Biennale artistique et culturelle 2010 à Sikasso, Cérémonie d’ouverture de la Biennale spéciale de 2017.
Assane Koné
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