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Lutte contre l’esclavage par ascendance : Des journalistes maliens renforcent leur capacité sur le travail forcé et le recrutement équitable

mercredi 2 juin 2021, par Assane Koné

« Depuis 2018, dans certaines parties de la région de Kayes, nous assistons avec beaucoup d’impuissance, à l’humiliation par bastonnade de citoyens maliens qui se sont élevés contre leur condition ‘’d’esclaves’’ par ascendance. Pire, certains d’entre eux sont trainés devant la justice suite à de fausses allégations ». Cette déclaration a été faite par Aïchatou Wallet Altanata, Vice-présidente de TEMEDT (Association pour la Consolidation de la Paix, le Développement, la Promotion et la Protection des Droits Humains). C’était le 1er Juin 2021, à l’Hôtel Mandé, lors de l’Atelier de formation des journalistes maliens sur le travail forcé et recrutement équitable.

Pendant de longues années de nombreux maliens ont toujours pensé que l’esclavage par ascendance n’existait que dans les régions nord du pays. En 2018, le réveil a été brutal avec la résurgence du phénomène dans plusieurs cercles de la région de Kayes. Depuis, il ne se passe plus de jours que des drames consécutives à cette pratique ne s’invitent sur la place publique. Mais. Que faire ?

« Le défi majeur de TEMEDT est de briser le silence sur l’esclavage et contribuer ainsi à décomplexer la société malienne sur ces pratiques dignes d’une autre époque », a indiqué Aïchatou Wallet Altanata, Vice-présidente de TEMEDT.

Malheureusement, selon elle, il semblerait que du côté des officiels maliens, l’approche est tout autre. « Il a toujours été question de sauvegarder une certaine image de notre pays vis-à-vis de l’extérieur, ou d’éviter de déranger les ordres déjà établis pour préserver la stabilité à peu de frais », a-t-elle regretté.

Mais, qu’à cela ne tienne. Elle a été formelle. « Nous disons que ceci n’est pas la solution ; il faut plutôt faire face à la réalité, car tout problème non réglé deviendra un jour une tragédie », a-t-elle déclaré.

Malheureusement, les faits donnent aujourd’hui raison à TEMEDT. Depuis 2018, en plus d’être humiliés par bastonnade, de nombreux citoyens maliens qui refusent le statut d’esclave par ascendance, sont victimes de plusieurs atrocités. Et, pour convaincre de la gravité des mesures de représailles, elle a énuméré : les destructions d’habitations, privations de l’usage des services sociaux de base, les retraits de terres de culture, les interdictions de fréquenter les foire, de prier dans les mosquées des villages, de participer aux évènements sociaux (mariages, baptêmes, décès…) d’acheter et de vendre dans les villages, …

Partant du principe que selon la constitution malienne, « tous les maliens naissent libres et égaux… », le Bureau international du Travail (BIT) à travers son projet de lutte contre l’esclavage et la discrimination liée à l’esclavage au Mali (DRL), en partenariat avec l’Association TEMEDT et Anti-Slavery International, a décidé de prendre le taureau par les cornes, par l’organisation d’un atelier de 3 jours à l’intention d’une quinzaine de journalistes maliens sur le travail forcé et le recrutement équitable.

« Cette activité s’inscrit dans l’objectif spécifique 1 du projet de lutte contre l’esclavage au Mali, relatif à l’amélioration de la connaissance et de la prise de conscience de tous les acteurs en matière d’esclavage et de discrimination liée à l’esclavage au Mali », a déclaré … Cissé, Coordinateur National du Projet de Lutte contre l’Esclavage et la discrimination fondée sur l’Esclavage au Mali du BIT.
Il a rappelé que le projet et financé par le département pour la Démocratie, les Lois et les Droits Humains de l’Ambassade des États-Unis, pour une durée de 32 mois allant d’octobre 2020 à juin 2023. Selon lui, l’OIT est le principal bénéficiaire du financement, qui est exécuté avec les sous-récipiendaires que sont l’ONG Anti-Slavery International et l’Association TEMEDT au Mali.

« Le Projet concerne les localités de Gossi dans la région de Tombouctou ; d’Anderamboukane et de Ménaka dans la région de Ménaka, avec une recherche holistique qui intéresse la région de Kayes », a-t-il déclaré. Avant d’ajouter que son projet a pour objectif général d’appuyer les efforts nationaux dans le combat de la lutte contre l’esclavage au Mali. Pour cela, il dira que le projet devra améliorer la connaissance et la prise de conscience des acteurs sur l’esclavage, les besoins et priorités des victimes. Il a ajouté que le projet doit aboutir à l’amélioration de l’accès accru des victimes de l’esclavage aux services d’assistance juridiques, sociales et économiques. Enfin, il a dit que le projet doit renforcer les lois, les politiques et les mécanismes pour combattre l’esclavage et la discrimination fondée sur l’esclavage au Mali.

« Je suis convaincu que cet atelier renforcera les capacités des journalistes dans la collecte, le traitement et l’analyse de l’information sur le phénomène du travail forcé qui prend une ampleur inquiétante au Mali, et cela dans presque tous les secteurs, et singulièrement dans les secteurs miniers », a déclaré Fassoum Coulibaly, Directeur national du Travail. Selon lui, l’option d’un développement de partenariat avec les médias vise à accroître la prise de conscience globale sur les interrelations entre le travail forcé et les pratiques abusives de recrutement, notamment dans un contexte de déplacement forcé en lien avec la recrudescence des violences liées à l’esclavage au Mali.

En plus des échanges d’expériences, les journalistes ont été initiés à l’utilisation du toolkit développé par le BIT. Cette plateforme encourage et aide les journalistes à reporter efficacement sur le travail forcé et les pratiques abusives de recrutement.

Assane Koné


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