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Journée internationale des migrants : AME met en débat la circulation des personnes dans l’espace CEDEAO

dimanche 22 décembre 2013, par Assane Koné

A l’instar des autres pays du globe, le Mali, grâce à l’initiative de l’Association malienne des expulsés (AME), à célébrer la journée du 18 décembre, journée internationale des migrants. Dans cette interview, Ousmane Diarra, président de l’A.M.E, s’insurge contre les politiques migratoires des pays européens en complicité avec les Etats africains.


Notrenation.com : Que retenir du thème de la journée internationale des migrants de cette année ?

Ousmane Diarra : Nous avons choisi le thème intitulé : « la libre circulation des personnes dans l’espace CEDEAO ». Vous le savez certainement tout comme moi, la plupart des candidats potentiels subsahariens à l’immigration sont issus de l’espace de la CEDEAO. Mieux, presque tous les pays de cette région de l’Afrique ont signé des accords bilatéraux avec non seulement les pays occidentaux mais également avec les pays des A.C.P (Afrique Caraïbes et Pacifiques) sur la question. C’est vous dire qu’au cours de notre journée du 18 décembre de cette année, nous avons beaucoup échangé sur les questions relatives à l’intégration dans l’espace CEDEAO.

Est-ce à dire que ces accords sont signés dans le seul dessein de freiner l’immigration sous toutes ses formes ?

Il y a deux éléments à retenir. Premièrement, il y a des accords qui sont signés dans le but de retenir les africains candidats potentiels chez eux. Il y a ensuite les accords qui facilitent les expulsions des étrangers africains. Concernant le 1er point, je vous donne l’exemple de la mise en place d’une initiative appelée projet de co-développement, avec pour seul but est de lutter contre l’ émigration clandestine. Il faut également noter la signature d’autres accords dits de réadmission axés exclusivement sur la fermeture des frontières des pays européens. Ils facilitent plus précisément l’expulsion des migrants qui sont généralement mis dans des charters. Les charters sont ensuite envoyés dans l’un des pays de la CEDEAO signataire des accords qui à son tour remet chaque migrant à son pays d’origine. Je regrette de vous signaler que tous les pays de notre région, excepté peut être le Mali pour le moment, ont apposé leur signature sur ledit document. Je vous informe également qu’il est ressorti des débats que même la traversée des frontières de la CEDEAO n’est pas chose aisée. Autrement dit, notre thème de cette année est plus que d’actualité.

La journée du 18 décembre est dédiée aux droits des migrants, quelle est son historique ?

Depuis décembre 1990, la journée est célébrée. Elle tire sa source dans une déclaration des Nations Unies. Depuis cette date, des activités sont organisées pour défendre les droits des migrants. Nous nous réjouissons de la pérennisation de l’initiative. Une bonne occasion pour nous exprimer en faveur d’un droit fondamental permettant à tout individu la liberté d’aller et de venir sur n’importe quelle contrée de la planète terre.

Est-ce que l’impact de vos activités est mesurable ?

L’A.M.E, depuis sa création en 1996, ne cesse d’interpeller les décideurs, mais il y a encore du chemin à parcourir. Ce qui est révoltant, c’est que bon nombres de pays africains comme le Mali n’ont pas encore de politique migratoire. Il emblerait qu’elle est en cours d’élaboration. Pour le cas spécifique du Mali, je crois que les autorités devaient s’inspirer des initiatives des associations de défense des droits des migrants pour l’élaboration de ladite politique tant attendue. Surtout en plus du ministère des maliens de l’extérieur, le Mali dispose d’une Délégation générale des maliens de l’extérieur, un Haut conseil des maliens de l’extérieur. Cela devait permettre de sécuriser ses ressortissants dans les pays d’accueil. Ceci, pour dire qu’au cours de la rencontre de ce mercredi 18 décembre 2013 à l’Agence municipale de développement des quartiers (A.M.D.Q), située Korofina Nord en Commune I de Bamako, les débats étaient très riches. En témoigne la présence de plus d’une centaine de migrants maliens expulsés d’Arabie Saoudite. J’ose croire qu’à la cérémonie, les représentants du ministère des maliens de l’extérieur, de l’Association malienne des droits de l’homme et d’Amnesty international ont pu chacun tirer des enseignements à propos du calvaire que vit nos compatriotes à l’étranger. Hélas, à la recherche d’un mieux être, ils subissent des expulsions. Et pourtant chacun d’eux disposait d’un document de nationalité saoudienne parce que nés dans ce pays. Je vous informe qu’un élément parmi eux est décédé aujourd’hui 18 décembre 2013 à Bamako. Agé de 28 ans, il répondait au nom de Samir. Nous nous inclinons devant sa mémoire et prions pour le repos de son âme. L’A.M.E et son partenaire Médecins du Monde l’avaient pris en charge pour son traitement pendant huit (8) mois.

Décrivez nous les conditions de vie des maliens migrants.

Terribles, parce que ceux qui n’ont pas de bons documents subissent dans la plupart des cas des traitements dégradants et inhumains de la part des autorités des pays d’accueil. Cela, au vu et au su de nos représentations diplomatiques en l’occurrence les ambassades et consulats qui dans la plupart des cas ne les apportent aucun secours.

Quelles sont vos perspectives ?

L’A.M.E est en train d’œuvrer pour que les migrants expulsés puissent devenir des acteurs de leur développement. Pour ce faire, nous sommes à la tâche pour parvenir à nos fins.

Propos recueillis par
Siaka Z. Traoré

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