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Journée Internationale des musées : Le Mali...

mercredi 19 mai 2021, par Assane Koné

Journée Internationale des musées : Le Mali s’interroge sur l’avenir des musées

« L’Avenir des musées : se rétablir et se réinventer » est le thème qui a été choisi dans le cadre de la commémoration de l’édition 2021 de la Journée internationale des Musées. Dr Samuel Sidibé, ancien Directeur général du Musée National du Mali a présenté ce thème à un auditoire des plus intéressés, parce que essentiellement composé d’étudiants.

« L’objectif de cette journée est de sensibiliser le public au fait que les musées sont un outil important à développer, imaginer et partager de nouvelles pratiques et de nouveaux modèles pour les institutions culturelles et des solutions innovantes pour les défis, sociaux, économiques et environnementaux du présent », a indiqué Dr Daouda Keita, Directeur général du Musée national du Mali.

C’est dans ce contexte qu’il dira que chaque année, le Conseil International des Musées (ICOM), détermine un thème spécifique pour la journée des Musées. « Cette année, le thème est : ‘’L’avenir des musées : se rétablir et se réinventer’’ », a-t-il indiqué. Avant d’ajouter que pour entretenir l’auditoire sur ce thème, le Comité national ICOM-Mali, en collaboration avec le Musée national du Mali, a porté son choix sur Dr Samuel Sidibé, ancien Directeur du Musée national du Mali.

Avant de donner la parole à Dr Samuel Sidibé, l’actuel Directeur général du Musée national du Mali, a rappelé que depuis 1977, le Conseil International des Musées (ICOM) organise la Journée Internationale des Musées, à travers le monde chaque année autour du 18 mai. Il a ajouté que l’ICOM a été créé en 1946 et est la seule organisation de Musées et de professionnels de Musée à l’échelle mondiale. « Elle a pour mission de promouvoir et protéger le patrimoine culturel et naturel, présent et futur, intangible et intangible », a-t-il déclaré. En plus d’être présent dans 138 pays, à travers 119 comités nationaux, il dira que l’ICOM est un réseau unique de professionnels de musées, dont le périmètre d’actions comprend de nombreux domaines liés au musée et au patrimoine. « L’ICOM lutte contre le trafic illicite de biens culturels, sensibilise sur la gestion du risque et prépare à l’urgence, dans le cadre de la protection du patrimoine culturel mondial lors de catastrophes naturelles ou conflits armés », a-t-il indiqué.

A propos du thème de cette année, Dr Samuel Sidibé dira qu’il est d’actualité au regard de la COVID-19 et de ses méfaits sur la fréquentation des musées à travers le monde. « On sort petit à petit d’une crise grave qui nous impose de tirer des leçons pour rétablir et réinventer le musée », a-t-il déclaré.

Cependant, si ailleurs, la COVID-19 a eu un impact sur la fréquentation des Musées, Dr Samuel Sidibé pense que même avant la pandémie, il faut admettre que la situation n’était pas rose dans nos musées au Mali. Selon lui, la COVID-19 est venue aggravée une situation déjà regrettable. A l’image du Musée national du Mali, dira qu’avant la COVID-19, le gros lot des visiteurs était composé de touristes étrangers, et dans une moindre mesure des scolaires qui venaient en visites groupés. « L’institution musée n’a jamais été suffisamment adopté par la communauté locale, même avant la COVID-19 », a-t-il déclaré.

Très pragmatique, Dr Samuel Sidibé pense que la question est de savoir aujourd’hui qu’elle est la meilleure stratégie à mettre en place pour que le musée aille à la conquête ou à la reconquête de la communauté Bamakoise ?

Il a révélé qu’à la faveur de la COVID-19, en Europe, l’on a fait appel au numérique pour maintenir le contact entre les musées et leur public, à travers des visites virtuelles. Au regard de cela, Dr Samuel Sidibé pense qu’il faut aujourd’hui explorer toutes les opportunités qui peuvent permettre aux musées d’être en contact avec la communauté. Et, sans forcement avoir des recettes magiques, il a posé un certain nombre de questions qui pourraient être des base de réflexions pour avoir des solutions idoines.

Comment favoriser une plus grande attractivité du musée ? Comment favoriser l’accessibilité du musée ? Quelle est la place du musée dans la société ? Quelle est le rôle du musée dans l’éducation ? Quel modèle économique pour la bonne gouvernance financière des musées ? Quelle place pour le musée dans le développement durable ? Comment adapter le musée aux réalités locales ? Comment le musée peut être un acteur de dialogue entre les cultures et les communautés ? Ce sont-là autant de sujets de réflexions que Dr Samuel Sidibé a proposé. Mais, il reste convaincu que les musées ne peuvent pas se contenter d’être des lieux de collection, sans se donner des fonctions sociales dans la société.

« Le numérique doit aider le musée à sortir de son cloisonnement », est une autre conviction forte de Dr Samuel Sidibé qu’il a soutenu avec force lors de son exposé. Et, pour la mise en œuvre, il a même proposé de développer une communauté Internet et de voir la possibilité d’organiser des visites virtuelles. « Le numérique reste une piste à explorer avec l’explosion de l’Internet et des téléphones androïdes », a-t-il déclaré.

Il a aussi proposé des co-créations afin d’attirer le maximum de personne vers les musées. A ce sujet, il a suggéré de réfléchir à la possibilité de créer des expositions avec des artistes contemporains et de réfléchir à une collaboration avec les communautés pour des expositions.

Dans tous les cas, Dr Samuel Sidibé pense que le musée doit sortir de son enfermement professionnel pour éviter d’être en déconnexion avec la communauté. Et, pour cela, il a proposé de réinventer les pratiques professionnelles, pour la simple raison que le musée est une institution qui se cherche de façon permanente. Et, Dr Samuel Sidibé pense qu’il faut rapidement agir, car au-delà la question de la COVID-19, les musées en Afrique sont coupés de leur public.

Le conférencier pense que le musée doit tout mettre en œuvre pour être un espace de rencontres interculturelles et de dialogues entre les cultures. En un mot, il pense que le musée doit être au service de la communauté. « Le musée doit être capable de s’enraciner dans le passé, mais de se projeter dans le futur, avec la créativité contemporaine », a-t-il déclaré. En effet, il reste convaincu que le musée doit pouvoir se saisir des questions sociétales. Mais, il dira que le gros du problème restera le problème des moyens. « Sans financement public, l’on doit se poser la question sur l’avenir du musée au Mali », a-t-il conclu.

Assane Koné

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