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JOURNEE INTERNATIONALE DE LA FEMME LEMARS : Alimata Traoré, profession : Mécanicienne

lundi 8 mars 2021, par Assane Koné

Traditionnellement réservées aux hommes, le métier de mécanicien est de plus en plus exercé par les dames. Alima Traoré, sortante de l’Institut de formation professionnelle de Kalaba en est une parfaite illustration.

Le 8 mars de chaque année marque la célébration de la Journée internationale de la femme. C’est une occasion de rendre hommage à nos mamans et sœurs.

Loin des bureaux climatisés et autres foras organisés par des réseaux d’associations féminines qui disent défendre le droit de la femme, des millions d’autres femmes se battent sous le soleil, dans les champs, dans les carrières pour banco, sur les monticules d’ordures, aux marchés à la recherche du pain quotidien. Certaines n’ont rien à envier aux chefs de familles tant elles s’adonnent avec passion à leur activité.

Parmi ce lot de femmes qui méritent un « chiwawa d’excellence », Alima Traoré peut bien figurer sur la liste.

La casquette noire vissée sur le crâne, l’œil pétillant et un sourire franc, un pull orange, un pantalon noir voilà l’accoutrement de Mme Traoré dans son garage situé en plein air à Baco Djicoroni. Sa fonction ? Mécanicienne auto au centre. Ce centre multifonctionnel compte des centaines d’hommes mais ne compte que deux femmes. Sous le commandement de Ntji Diarra dit Diacourouna, chef d’un garage, Alima est la seule femme parmi la dizaine de mécaniciens.

Sortante de l’Institut de formation professionnelle de Kabala, section auto mécanique, promotion 2015-2019, Alima, après ses études savait dejà ce qu’elle allait faire : Se lancer dans la recherche de lieu de stage pouvant aboutir à un travail rémunéré.

La demande de stage en main, elle parcourt Bamako à la recherche de « garage moderne » dont le travail est moins contraignant « J’ai été dans plusieurs garages modernes, juste pour faire mon stage, je n’ai pu trouver », se souvient-elle. Ayant comme devise qu’en forgeant, on devient forgeron, elle prit son courage à deux mains pour cette fois-ci approché les garages installés dans les coins de rue.

Le centre multifonctionnel de Baco-Djicoroni est le plus grand Centre avec une vingtaine de garages, d’ateliers de soudures, de menuiseries métalliques, de bois, de tôliers, d’ateliers de froid mais aussi d’électriciens. C’est là que celle affectueusement appelée par sa défunte maman « Sirani » s’est dirigée vers un chef de garage, N’Tji Diarra alias Diacourana. Ce dernier pour avoir déjà travailler avec une mécanicienne, accepta volontiers la demande de celle que le destin a voulu qu’elle étudie la mécanique.

Chez Diacourana, Alima a un avantage : elle n’est pas une néophyte dans le maniement des clés. « A l’école, nous avons utilisé les types de clés. C’est ce qui fait que je me retrouve quand on me demande d’amener telle ou telle clé. C’est vrai qu’entre la théorie et la pratique, il y a une différence. Le fait de passer par une école de formation, m’a beaucoup aidé. Ce qui fait que je ne suis pas perdue. C’est pourquoi, je ne pose pas trop de questions sur la fonction des clés », affirme-t-elle.

Comme le premier jour d’école d’un enfant à l’école, Alima s’est un peu stressée à tel enseigne qu’elle voulait renoncer au garage, mais une chose a changé la donne « Au début, je n’aime pas faire, mais c’est ma mère qui m’a encouragé. Elle est allé jusqu’à offrir une vieille moto pour que je puisse aller au travail. Elle me disait qu’il se pourrait que ce soit dans ça que je trouve mon bonheur. Mon papa aussi n’a jamais posé de problème. Pour lui, cela vaut mieux que rester sans rien faire. Ces encouragements des parents m’ont beaucoup donné l’envie de continuer C’est comme ça que j’ai décidé de me donner à ce métier et d’en faire mon travail », dit-elle.

Les premiers jours n’ont pas été faciles. « Allonger sous une voiture, clé en main pour desserrer un boulon ou changer l’huile, certains étonnés, s’arrêtent et cherchent à savoir si c’est bien une femme. Ils m’encouragent », s’est-t-elle rappelée.

De ses 1m 65 et de ses 23 ans bien sonnés, la mécanicienne, après une année de pratique du métier, fait partie de ceux sur qui le chef de garage, Diacourana peut désormais compter. « On l’envoi faire les dépannages, c’est elle qui s’occupe des vidanges et bien d’autres travaux. Avec d’autres jeunes, elle s’essaye à monter les moteurs des voitures. C’est une dame très courageuse qui aime bien son métier », témoigne le chef de garage.

Pour se rendre à son lieu de travail, la jeune dame quitte tous les jours la famille paternelle à Garantiguibougou. « Il arrive parfois que je sors de la famille sans déjeuner. J’emprunte la sotrama pour arriver à mon lieu de travail vers 9 heures », a-t-elle indiqué.

Si en générale, les femmes une fois mariée abandonnent leur métier, au profit du ménage, Alima ne l’entend pas de cette oreille. Elle promet de continuer à exercer son métier. Déjà, elle en a parlé avec son fiancé, qui a trouvé l’idée bonne.

Pour son patron, la question est délicate. « J’avais une mécanicienne chez moi, dès qu’elle s’est mariée, son mari a catégoriquement refusé que sa femme continue à venir au garage. C’est pourquoi, on voit rarement au Mali, une femme chef de garage mécanique. Alors que c’est un travail si on se donne à fond, peut rapporter comme les autres métiers », a-t-il indiqué. Diancourani a un projet d’ouvrir un magasin de vente de pièces détachées pour Alima au cas où son futur mari venait à refuser qu’elle travaille comme mécanicienne.

Cela fait maintenant un an qu’elle exerce. Il lui faut cependant du courage pour affronter moqueries et dénigrements dans un milieu confisqué par les hommes.

Alima ne se laisse pas démonter et réussit même à puiser son courage dans ces remarques dégradantes : « Je me dis qu’il faut réussir, je me donne à fond dans le travail ! ».

A la descente, vers 18h, elle se dépêche pour coïncider avec les travaux domestiques familiaux.

Drissa Sangaré
ARC EN CIEL


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