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Fermeture de la frontière Sénégal-Guinée : Des Guinéens se procurent la carte d’identité malienne pour entrer au Sénégal

mardi 11 novembre 2014, par Assane Koné

Certains Guinéens ont trouvé un bon moyen d’entrer sur le territoire sénégalais, qui leur est interdit depuis que l’épidémie de fièvre Ebola fait rage dans leur pays. Etudiants, commerçants et autres entrent au Mali, hospitalier et n’ont aucune peine à se procurer des pièces d’identité malienne. Ces pièces leur garantissent l’accès au Sénégal.

A.M, la vingtaine vient d’arriver à Bamako. Ce jeune de la Guinée forestière, nid de la fièvre à virus Ebola, a réussi au concours d’entrée d’une grande école supérieure basée dans la capitale sénégalaise. En temps normal, il aurait dû, être à Dakar depuis octobre dernier. La période d’inscription est presque bouclée et les cours ont démarré. Les opportunités d’études sont limitées en Guinée et la réussite de ce jeune lui a fait miroiter un avenir riche en couleurs. Seulement, la fermeture des frontières terrestres, maritimes entre le Sénégal et la Guinée a freiné les ardeurs de l’étudiant.

« Je ne savais pas quoi faire face à cette décision de l’Etat sénégalais. Les cours ont démarré et si je ne me présente pas dans les plus brefs délais, je ne serai plus accepté », explique l’étudiant. Suite à cette difficulté, des amis lui transmettent l’information selon laquelle il pourrait se rendre au Mali et se faire confectionner une pièce d’identité malienne, puisque du côté malien aucun problème n’est posé à la frontière. Sans hésiter, le jeune Guinéen arrive au Mali dès le lendemain et prend contact avec celui qui a permis à de nombreux autres Guinéens et autres Africains de se procurer des cartes d’identité malienne. « Je sais que c’est un délit d’avoir des pièces d’un autre pays que le sien, mais je n’ai aucun autre choix. Il me faut construire mon avenir », se défend le jeune étudiant.

Aminata est une malinké installée à Conakry, capitale guinéenne. Dakar a toujours été son deuxième lieu de résidence, puisqu’elle y va acheter sa marchandise. Et cela, depuis de longues années. Plusieurs fois dans l’an, elle va acheter dans la capitale sénégalaise des tissus, sacs…, commandés par sa clientèle guinéenne. Depuis que le Sénégal a fermé ses portes d’entrée avec ce pays voisin, Aminata ne sait plus à quel saint se vouer.

« J’ai perdu beaucoup d’argent. Les agents postés à la frontière sénégalaise sont catégoriques. Aucun Guinéen n’entre sur leur territoire. Ils ne se donnent même pas la peine de procéder à des tests de santé comme d’autres pays le font. Vu nos liens, je trouve que c’est radical comme décision. » n’ayant d’autre choix, elle est arrivée au Mali et a acheté une carte d’identité malienne et est entrée facilement au Sénégal et son commerce a repris de plus belle. « Nous parcourons une grande distance mais ça vaut le coup », sourit-elle. Aujourd’hui, munie de sa pièce authentique, elle est considérée comme Malienne.

L’humanitaire comme raison évoquée

Du côté d’un des fournisseurs du précieux document la discrétion est de mise. Il refuse de se livrer en confidences. Dans un entretien téléphonique, le monsieur tente de se justifier et dit ne pas faire ça pour tout le monde. « J’étudie chaque demande faite par un étranger. Si c’est pour des cas d’urgence je n’hésite pas du tout. J’estime que je le fais pour des causes humanitaires. Des étudiants, des malades ou des gens qui doivent se rendre au Sénégal coûte que coûte méritent que je fasse quelque chose. Je ne vends pas à des personnes douteuses qui n’ont pas de raison valable d’aller au Sénégal », explique l’agent. À ses dires, les autorités sénégalaises exagèrent en refusant l’accès à des voisins aussi proches.

Sur le prix à payer par les demandeurs, le fournisseur ne pipe mot. Pour avoir une réponse il faut se diriger vers les Guinéens. Selon eux, le prix est fixé en fonction de la tête du client. Si certains l’ont reçu gratuitement, d’autres ont payé de fortes sommes. « Tout dépend du lien avec celui qui se charge du document demandé », indique A.M, le jeune étudiant.

Dansira DEMBELE
(LE REPUBLICAIN)

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