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DELIMITATION DE LA « ZONE AEROPORTUAIRE » : Les vérités du chef de village de Gouana

mardi 27 novembre 2018, par Assane Koné

Le chef de village de Gouana dit à qui veut l’entendre qu’un centimètre carré de son village ne peut être concerné par le déguerpissement de la zone aéroportuaire et par conséquent aucune maison située sur leurs terres ne peut être concernée par le projet de déguerpissement annoncé.

Une délégation du ministère des Domaines de l’Etat et des Affaires foncières, de la Mairie de la Commune V et VI, s’est rendue la semaine dernière sur le site dit « zone aéroportuaire ». Leur constat a été plus « désolant ». Des maisons ont poussés à différents endroits des 7148 hectares de la « zone ».

Dans un communiqué conjoint, le ministre des Domaines de l’Etat et celui des Transports affirment que le site « est sous protection de l’Etat et par conséquent, personne ne doit le « toucher ».

Ce que les deux ministres ne disent pas, est qu’une bonne partie de la « zone aéroportuaire » est située sur les terres du village de Gouana, Commune de Kalabancoro. Les autorités coutumières estiment l’étendue de leurs terres « dans la zone » à plus de 3 000 hectares.

Pour le chef de village de Gouana, N’Golo Coulibaly que nous avons approché, un centimètre carré de leurs terres ne saurait être concerné par la zone aéroportuaire qui serait sous protection des aéroports du Mali. Des explications de N’Golo Coulibaly, il ressort que leur village existe depuis plus de 200 ans et n’a à aucun moment fait l’objet de déplacement même pendant la guerre avec Samory Touré.

C’est en 1974, dit-il, que les autorités du pays, sous le régime du Général Moussa Traoré, les ont démarché afin qu’ils mettent à disposition une partie de leurs terres pour abriter l’aéroport. Les clauses de la cessation des terres ont été bien scellées avec document à l’appui. L’aéroport a été délimité dans l’espace. Pour mieux sécuriser, l’Asecna se souvient-il, a clôturé l’espace qui lui semble opportun pour la sécurité des avions. Un plan de délimitation fut remis au chef de village d’alors (son père) qu’il garde jalousement. Pour lui, dans le plan de délimitation à lui remis, épargne Gouana de la zone aéroportuaire. Sur le terrain, la réalité est toute autre. « Les personnes chargées de faire le bornage ont fait un travail bâclé sans tenir compte du plan », a-t-il dénoncé.

Des années passèrent, le village a commencé à s’agrandir en dehors de son site habituel donc dépassant largement les bornes jusqu’à Kalabancoura ACI. C’est en ce moment que certaines autorités ont élevées la voix pour dire que la population de Gouana érige des maisons au-delà de leurs terres. Le chef de village en a rit. Et de rappeler aux autorités : « C’est nous qui avons donné une partie de nos terres pour la construction de l’aéroport. On ne peut pas nous dire que les maisons qui ont poussées sur nos terres sont illégales ».

Pour M. Coulibaly, c’est indécent de dire que Gouana se trouve dans la zone dite aéroportuaire. Face à l’insistance de certaines autorités les accusant d’occuper illégalement la zone, il dira qu’à l’époque, une délégation est allée à la rencontre du Général Kafougouna Koné (paix à son âme) et le Directeur des aéroports du Mali de l’époque. « Ceux-ci avaient expliqué qu’en aucun moment qu’ils ne sont concernés par la zone aéroportuaire », a-t-il indiqué. Avant d’ajouter que la délégation du village ne s’est pas contentée de cette rencontre. Le chef de village a laissé entendre qu’ils ont dépêché une mission au siège de l’Asecna à Dakar pour avoir le cœur net. Selon lui, là, la réponse du service aéronautique de l’aviation a été sans ambages. « Nous ne sommes pas concernés par cette zone dite aéroportuaire. C’est pourquoi, nous avons construit le mur pour sécuriser nos installations », a affirmé l’Ascena.

Le chef de village de Gouana est très clair « Nous ne voulons plus que le nom de notre village paraisse dans les questions aéroportuaires, car nous n’y sommes pas ».

Mohamed Keita
ARC-EN-CIEL


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