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Cours d’Assises : La Matrone et l’aide-soignant écopent 2 ans d’emprisonnement avec sursis

vendredi 11 décembre 2015, par Assane Koné

Korotimi Diarra et Almamy Sanogo, tous deux âgés de 54 ans et 23 ans au moment des faits, ont été situés sur leur sort, jeudi 10 décembre, à la Cour d’appel de Bamako. Korotimi a comparu pour avoir à Miéna pratiqué un avortement sur la personne de Binta en lui plaçant une substance abortive entrainant l’expulsion prématurée du fœtus et Almamy pour s’être rendu dans les mêmes circonstances de temps et de lieu complice d’avortement.

Trois affaires étaient inscrites au rôle à l’avant dernière semaine de la présente session de la Cour d’assises de Bamako. Elles ont toutes été jugées. La première opposait le ministère public à Mamy Keita dit Bissi, féticheur domicilié à Kangaba et Oumar Keita dit Barou, chasseur domicilié à Déguéla à 6 km de Kangaba, tous accusés de vol qualifié et de coups et blessures volontaires (CBV) sur la personne de Abdoulaye Bakayoko, orpailleur de son état. Un des deux mis en cause, c’est-à-dire, Oumar Keita dit Barou a quitté le tribunal libre de tout mouvement. Le principal accusé Mamy Keita, lui, a été condamné par contumace à la peine de mort.

La deuxième affaire avait pour protagoniste principal Korotimi Diarra et Almamy Sanogo, inculpés pour avortement et de complicité d’avortement. Les faits reprochés aux prévenus remontent en avril 2015 à Miéna, cercle de Koutiala. Ce jour-là, Binta Togora (faisait la 9e année) épouse de Youssouf Coulibaly depuis trois ans. Elle était à sa deuxième grossesse lorsqu’elle décida d’y mettre fin. Elle sollicita les services d’Almamy Sanogo, un jeune aide-soignant qui n’avait que six mois de formation au centre de santé communautaire (CSCOM) de Miéna, celui-ci la mis, en lien avec Korotimi Diarra, matrone de son état, avec trente ans d’expérience. Après quelques hésitations, celle-ci donna son accord. Rendez-vous fut pris pour le petit soir où elle lui plaça un produit pour l’ouverture du col. Quelques jours après, Binta rentra en famille. Elle perdit beaucoup de sang. Il s’en suivit des maladies. Les différents soins apportés pour endiguer les maux ne purent venir à bout de ses souffrances. Trois mois après l’avortement elle décéda. Quelques jours après, son mari est informé que son décès serait dû à un avortement. C’est à travers cette information qu’une enquête est ouverte, Korotimi Diarra et Almamy Sanogo furent poursuivis pour avortement et complicité d’avortement.

Interrogés, Korotimi et Almamy reconnaissent les faits à l’enquête préliminaire, et tentent de les justifier à l’interrogatoire sur le fond. Almamy dit avoir eu pitié de la dame Binta Togola, puisqu’elle disait ne pas pouvoir concilier ses études, les travaux ménagers et la grossesse. Selon Almamy, Binta lui demanda de l’aider à avorter. Il a ajouté qu’il s’est référé à Korotimi en se faisant passer pour le père du fœtus. Après quelques atermoiements, Korotimi s’accepta.

Korotimi, quant à elle, dit avoir agi sur instance d’Almamy pour lui éviter d’essuyer une humiliation certaine. Trois mois se sont écoulés depuis l’avortement, sans ennui de santé. Après cet état éphémère de bonne santé, Binta fut en proie à des problèmes de santé. A la barre, devant la Cour d’assises jeudi 10 décembre 2015, les deux accusés ne nieront pas un seul élément de leur lourd dossier.

Selon l’article 212, il résulte que « les médecins, officiers de santé, sage-femme, chirurgien, dentiste, pharmacien ainsi que les étudiants ou employés en pharmacie, herboriste, bandagistes, marchands d’instruments de chirurgie, infirmiers, masseurs qui auront indiqué, favorisé ou pratiqué les moyens de procurer l’avortement… seront punis ». Almamy a été condamné pour complicité d’avortement par incitation. Il reconnait avoir favorisé l’avortement en insistant auprès de Korotimi jusqu’à se faire passer pour le père du fœtus pour emporter son adhésion. A ce niveau, il résulte de l’article cité ci-dessus que ceux qui auront commis les dites infractions, si mort s’en suit, la peine sera de 5 à 20 ans d’emprisonnement. Les jurés ont écouté avec une oreille attentive leur mea culpa. Certes ils ont été maintenus, comme l’a demandé le parquet représenté par Lassine Samaké, substitut du procureur général, dans les liens de l’accusation, mais ils ont bénéficié de circonstances atténuantes. Ils ont été condamnés à deux ans de prison avec sursis.

Lamine Kané

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