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Concertation régionale et de plaidoyer : le respect des usagers de drogues et leur prise en charge sanitaire au centre des débats

mardi 17 mars 2020, par Assane Koné

Le samedi 29 février 2020, s’est tenu l’atelier de concertation régionale et de plaidoyer, pour faciliter une prise en charge sanitaire et le respect des droits humains des usagers de drogues. C’était à l’hôtel djoliba de Ségou sous la présidence de monsieur Siné DEMBELE, Directeur de cabinet du gouverneur de la région de Ségou. Il a été organisé par l’association « paroles au tour de la santé » en partenariat avec l’Office Central des Stupéfiants (OCS).

L’objectif général de cette activité était de créer d’une part un cadre de concertation et de synergie d’action entre les différents intervenants sur les questions de prévention, de prise en charge et de réduction de risques auprès des usagers de la drogue et d’autre part de renforcer le plaidoyer à l’endroit des décideurs politiques pour l’adoption et la mise en œuvre d’une stratégie de réduction des risques dans les programmes de développement.

Spécifiquement, il s’est agit de favoriser la concertation et le dialogue entre les services techniques de l’Etat, les collectivités et les centres de santé, pour une meilleure prise en charge des usagers de la drogue, de lutter contre la stigmatisation et la discrimination des usagers de la drogue, de réaliser des études en milieu carcéral.

L’ouverture des travaux a été présidée par Sinè Dembélé, directeur de cabinet du gouverneur de la région de Ségou. Il a enregistré la présence de Moussa Konaté, président de l’association « paroles autour de la santé », Daouda Diarra, 1er Adjoint au préfet de Ségou, de la représentante du maire de Pélégana, Abou COULIBALY, chef d’Antenne OCS-Ségou, Ibrahima DIARRA de l’OCS. Ainsi que les acteurs concernés.

Lors de cet atelier, il a été question de présenter les modules que sont : l’ampleur du trafic et de la consommation de drogues au Mali, l’état de la législation de la lutte contre la consommation de drogues au Mali, le concept de prévention et de la réduction des risques.

Le Directeur de cabinet du gouverneur de la région de Ségou, dans son discours d’ouverture a étalé les enjeux de la consommation de la drogue, d’où la nécessité de concilier le maintien de l’ordre public et le respect des droits des usagers de la drogue. Car, en substance les politiques répressives ont montré leurs limites. Par la suite, il a évoqué la politique de certains pays voisins en matière de prise en charge des personnes usagères de la drogue.

Pour sa part Moussa Konaté, président de l’association « paroles autour de la santé », a présenté son association, sa composition. Selon lui, son association entend créer un cadre de concertation avec tous les acteurs, en vue d’initier des actions de réinsertion et de plaidoyer auprès des décideurs politiques. Il a fait l’état des lieux des risques encourus par les usagers de la drogue par la réutilisation des seringues, susceptibles d’engendrer des maladies comme les hépatites, le sida, la tuberculose et autres.

Mohamed Kanouté, chef de service prévention et communication de l’OCS, formateur, a fait sa communication sur l’ampleur du trafic et de la consommation de drogues au Mali, l’état de la législation de la lutte contre la consommation de drogues au Mali. Il dira que la drogue n’est pas une pratique nouvelle, car les sociétés anciennes l’utilisaient à des fins médicinales et de recréation pendant certaines cérémonies. Il poursuivra, en disant que, le Mali, longtemps considéré comme un pays de transit, est également un pays de culture de cannabis, notamment dans les cercles de Yanfolila et Kolondièba.

Dans sa présentation, il a attiré l’attention de l’auditoire sur la négation des concepts de consommation et de culture de la drogue au Mali. Car il serait trop tard pour les cerner, afin de les endiguer. M. Kanouté, à travers sa présentation a démontré la vulnérabilité de la région d’Afrique de l’ouest face au trafic et la consommation de la drogue, avec des statiques des trois dernières années au Mali à l’appui et les limites de la répression, d’où la nécessité d’explorer d’autres politiques, pour réduire le fléau, telle que la prise en charge des toxicodépendants. En plus de la métamphétamine qui est la drogue la plus consommée, il a fait l’état d’existence des autres drogues au Mali, y compris les injectables, en l’occurrence l’héroïne.

De ce qui précède, selon lui, la drogue est un problème transversal devant impliquer toutes les couches au regard de ses conséquences pour la société, la santé et l’économie et que le Mali doit adopter une meilleure approche, pour s’en sortir à l’instar d’autres pays.

Dans sa seconde présentation, M. Kanouté a passé en revue la législation internationale en général depuis les conventions de 1912 et 1925, respectivement sur l’opium entre la Chine, la Grande Bretagne et les Etats Unis. Et, les statistiques sur la production et les stocks d’opium et de feuilles de coca, en passant par la convention unique des nations unies de 1961 et la législation nationale en particulier à travers la loi n°01-078 du 18 juillet 2001, portant sur le contrôle des drogues et précurseurs. Ceci, privilégie trois tendances : une tendance répressive, une tendance favorable aux consommateurs et dispense de peine pour le mineur consommateur et le consommateur occasionnel.

Ladite loi ne prévoit pas d’alternative à la privation de liberté, surtout l’inapplication de son article 132, relatif à la mesure d’injonction thérapeutique, un centre spécialisé de prise en charge psycho-médical des usagers de la drogue. Ainsi que l’inexistence d’un cadre légal pour les risques de contamination pour des maladies comme le Sida, les hépatites etc. D’où la nécessité d’un plaidoyer auprès des décideurs politiques pour des produits de substitution, voire commencer la prise en charge avec les structures existantes avant de se donner des moyens pour un vrai centre spécialisé à l’instar du Sénégal.

Par la suite, Dr Eloi DARA, psychiatre au Point G, formateur, s’est prononcé sur les facteurs de la consommation de la drogue et l’alcool. D’abord, le psychiatre a défini la drogue, donné la classification et les voies d’administration. Ensuite, il a parlé des facteurs de consommation et enfin les conséquences de la consommation.

Les recommandations issues de ce cadre de concertation sont : Créer une véritable synergie entre l’Etat, les collectivités et la société civile dans la prévention et la prise en charge des personnes usagères de la drogue, identifier les forces et les faiblesses de la législation malienne en matière de prévention, de prise en charge et de réduction des risques, envisager un véritable plaidoyer à l’endroit des pouvoirs publics pour l’adoption et la mise en œuvre dirigeante d’une stratégie nationale de prévention, de prise en charge et de réduction de risques.

Bintou COULIBALY


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