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Cinéma : « Yéféké », le film de Salif Traoré pour la promotion des droits des albinos

lundi 27 septembre 2021, par Assane Koné

« Yéféké » ou l’albinos, film docu-fiction, du réalisateur malien Salif Traoré, est une véritable plaidoirie pour la promotion et le respect des droits des personnes atteintes d’albinisme. Le 18 septembre 2021, pendant 90 minutes, ce film produit par le Centre National de la Cinématographie du Mali (CNCM), a été une véritable attraction, au cinéma Babemba de Bamako.

Tous, ont voulu être des témoins oculaires de l’avant-première de « Yéféké » ou l’albinos. Est-ce parce que le film parle des personnes atteintes d’albinisme ? Ou, est-ce parce que le film est réalisé par Salif Traoré qui n’est plus à présenter ? Tout compte fait, dès 16 heures, de nombreux Bamakois, en tout cas les amoureux du cinéma, ont convergé vers le cinéma Babemba, pour une projection qui a démarré à 19 heures. Mais, l’on retiendra que le public bamakois s’est mobilisé pour l’avant-première du film « Yéféké » ou l’albinos, un événement exceptionnel. Et, ce fut l’occasion pour Modibo Souaré, Directeur Général du CNCM, de déclarer que « la production du film ‘’Yéféké’’ ou l’albinos, annonce une nouvelle ère dans la démarche créative du CNCM ». Selon lui, ce film est un rappel de la mission de service public du CNCM, au-delà du rôle du cinéma dans la construction d’un nouveau Mali. « Les sujets de société doivent nourrir la production cinématographique dans notre pays pour impacter la vision de nos concitoyens et changer le Mali », a-t-il déclaré.

Fiction et documentaire, le film de Salif Traoré, engagé dans la défense et le respect des droits des personnes atteintes d’albinisme, est un film ludique et didactique. Pendant 90 minutes, il nous rappelle le talent et la compétence des professionnels du secteur du cinéma malien.

Pourvu que l’état veuille y investir quelques centaines de millions de francs CFA par an, il n’y a aucun doute, avec ce qu’il nous a été donné de voir lors de l’avant-première de « Yéféké », le cinéma malien pourra renaître de ses cendres et briller au firmament du cinéma africain comme ce fut le cas, il y a quelques années. Mais, en attendant cet engagement de l’état malien, qui peine à financer à hauteur de souhait le Fonds d’aide à l’industrie cinématographique (FAIC), dont la mise en place avait suscité beaucoup d’espoir, des professionnels maliens du cinéma et quelques amoureux du 7e art, convaincus du potentiel de notre pays, refusent de baisser les bras. Et, ce refus nous donne des films comme « Yéféké » ou l’albinos.

En effet, fruit d’une collaboration entre le CNCM et l’Association malienne pour la protection des personnes atteintes d’albinisme (AMPA), le film « Yéféké » ou l’albinos, produit par le CNCM, a bénéficié d’un partenariat stratégique du FAIC, de VOICE, de VORTEX et de CORPA.

Il est là. Il est beau. Il est majestueux. Et, il pose de façon claire et sans aucune ambiguïté une problématique majeure de notre pays et du continent africain : le respect des droits des personnes atteintes d’albinisme. Et, de façon claire, il leur donne la parole pour qu’elles s’adressent de façon directe, avec pour seul intermédiaire la caméra, à leurs « bourreaux ». En effet quand ils ne sont pas accusés d’être des sorciers et discriminés, ils sont exposés, comme sujets bien indiqués, pour des rituels sacrificiels.

En 90 minutes, le réalisateur Salif Traoré a amené l’excellent cadreur Bakary Koné a plongé l’objectif de sa caméra dans ce que nous pouvons appeler le quotidien de Sali, rôle tenu de main de maître par Djouma Djiré, elle-même atteinte d’Albinisme et qui a toutes les qualités de jeu de scène pour devenir une excellente comédienne de cinéma. Dans une démarche d’écriture un peu rare dans le cinéma malien, qui prend en charge des aspects ludiques et didactiques, la réalisation de Salif Traoré a fait le focus sur la vie de Sali, de son enfance à sa vie professionnelle, en passant par sa vie scolaire et estudiantine et son premier amour qui restera l’homme de sa vie.

Sans le dire et sans le laisser voir, ce film de Salif Traoré fait appel à la narration, en utilisant la technique du flash-back, pour rappeler toutes les difficultés qu’une personne atteinte d’albinisme peut rencontrer dans sa vie.

le Film « Yéféké » ou l’albinos de Salif Traoré, est une cantique à la solidarité et à l’amitié. Le film, à travers le rôle de Rokya, tenu par Assetou Cissé , chante à suffisance l’amitié entre Sali et cette dernière. Au nom de cette amitié et contre la volonté de sa mère, Rokya, de l’école primaire au lycée sera celle qui va toujours prendre la défense de Sali contre toutes les méchancetés.

Rappelons que toute petite, au moment où elle rêvait d’intégrer l’école primaire, Sali sera nuitamment exfiltrée de son village natale par les soins de son père pour être confiée à une tante en ville. Elle échappa ainsi à l’immolation sur l’autel aux fétiches de son village. Mais, commença pour elle un véritable parcours de combattante pour échapper aux divers enlèvements et autres brimades discriminatoires, pour se faire une place au soleil, en ville. A travers cette vie de Sali portée au grand écran, Salif Traoré a voulu attirer l’attention sur une injustice énorme faite aux personnes atteintes d’albinisme.

Pour la réalisation de ce film qui fera sûrement tâche d’utile dans le combat pour le respect des personnes atteintes d’albinisme, Salif Traoré a fait un savant dosage d’acteurs de renommée internationale et d’illustres inconnus. Ce sont : Djouma Djiré, Assétou Cissé, Mariétou Sissoko, Marie Léocadie Traoré, Louise Egénie Traoré, Mastan Samaké, Awa Basheer Coulibaly, Maïmouna Doumbia, Fily Traoré, Amadoune Kassogué et Salif Keita, le Domingo de la musique malienne.

Mais, c’est aussi le lieu de saluer les personnes ressources qui ont bien voulu partager leur savoir sur la problématique du respect des droits des personnes atteintes d’albinisme dans le cadre de ce film. Ce sont : L’ancien Ministre Thierno Hass Diallo ; le musicien Salif Keita ; le Pr Ousmane Faye, Directeur de l’hôpital dermatologique de Bamako ; Dr Sidy Ba ; Dr Salia Mallé, anthropologue et ancien Directeur adjoint de Musée National du Mali, Dr Fodé Moussa Sidibé et Mme Niama Coulibaly….

Du côté de l’équipe technique, le producteur exécutif a été Modibo Souaré, le Directeur du CNCM. Les prises d’images ont été assurées par Bakary Koné. La prise de son a été confiée à Alkaou Kanté. Toumani Keita a été le chef monteur, lorsque le mixage a été confié à Abraham Kamara. Le décor et la musique ont été conduits, respectivement par Bakary Ouattara et Abraham Kamara. Il faut dire que la post-production du film a été faite au Mali, à VORTEX.

Assane Koné


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