International > Carte – Daesh : la cible africaine

Carte – Daesh : la cible africaine
vendredi 18 décembre 2015, par
En proie aux bombardements de la coalition internationale dans sa matrice irako-syrienne, l’État islamique se redéploie en Libye et menace directement ses voisins maghrébins et sahéliens. Exclusif : nous vous livrons la carte de ses positions au Sahel.
Pour le Premier ministre français Manuel Valls, qui l’a qualifiée le 1er décembre de « grand dossier des mois qui viennent », comme pour les chefs des diplomaties de la dizaine de pays africains concernés réunis ce même jour à Alger, la situation intérieure en Libye est une sorte de grenade dégoupillée. Tant que des milices locales se disputaient entre elles les dépouilles du régime défunt, nul n’y prêtait vraiment attention. Mais la donne a brusquement changé avec l’installation progressive le long de la côte méditerranéenne, à 350 kilomètres du premier territoire de l’Union européenne – l’île de Malte -, de groupes jihadistes ralliés à Daesh.
Le Daesh africain
Tout au long de l’année 2015, ces derniers ont consolidé leurs positions, particulièrement autour d’une localité, Syrte, ville natale de Mouammar Kadhafi et bastion de ses fidèles jusqu’à sa chute. Cette dernière précision n’est pas anecdotique : comme en Irak, où des ex-officiers de la Garde républicaine de Saddam Hussein ont rejoint les troupes de l’État islamique, ce sont d’anciens militaires kadhafistes humiliés et frustrés qui encadrent souvent les katibas de cette extension africaine du califat terroriste. Aujourd’hui, la Libye est devenue à la fois un pôle de substitution pour Daesh, en proie aux bombardements dans sa matrice irako-syrienne, et un nouveau pôle d’attraction pour les candidats au jihad venus du Maghreb, de l’Afrique sahélienne et même d’Europe, comme le démontre la récente arrestation de Français en Tunisie.
Cette métastase de l’EI au cœur d’un État néant fait peser une menace directe sur les pays voisins, au premier rang desquels l’Égypte, l’Algérie, la Tunisie, le Tchad et le Niger – mais aussi au-delà, comme l’explique ici le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, qui fut le premier à tirer la sonnette d’alarme il y a un an. Depuis, ce Daesh africain, dont les tentacules s’étendent un peu partout au nord de l’Équateur, a pris de l’ampleur. Pour l’enrayer, puis tenter de l’éradiquer, il faudrait que les milices antijihadistes libyennes conjuguent leurs forces et que ces deux puissances régionales que sont l’Algérie et l’Égypte les appuient militairement avec les moyens aériens qui sont les leurs.
On en est encore loin, même si la prise de conscience du risque a incontestablement progressé ces dernières semaines. « Il ne nous reste plus beaucoup de temps », a averti le ministre italien des Affaires étrangères, après avoir annoncé la tenue d’une conférence internationale pour « éviter la désagrégation complète de la Libye » le 13 décembre, à Rome. C’est un euphémisme.