« Cela fait plus de vingt ans que j’exerce cette activité. Elle me permet de gagner dignement ma vie et de m’occuper de l’éducation de mes enfants », clame Bintou.
Née avec une déficience motrice en 1966 à Mopti, elle se lance alors dans le commerce du poisson dans sa ville natale. « Mon oncle, qui était pêcheur, me donnait quotidiennement du poisson à vendre. »

Ainsi débuta une longue carrière de commerçante. C’est vers les années 2000 qu’elle quitte Mopti avec son mari pour s’installer à Bamako. La vendeuse de poissons se reconvertit dans la vente de légumes. Tout allait bien, jusqu’au moment où son mari se fait licencié par son employeur il y a une dizaine d’années. L’évènement douloureux intervient alors que le couple a trois enfants. « Il a passé plus de deux mois sans rien me dire. Et un vendredi matin, il m’a dit de me débrouiller pour payer les arriérés de location », se souvient Tangara.

Depuis, Bintou prend en charge les dépenses quotidiennes du foyer. Le calvaire s’amplifie, lorsque son mari abandonne le domicile conjugal. « Il a commencé à découcher. Il pouvait faire des semaines sans venir nous voir, mes trois enfants et moi. » Finalement le mari finit par abandonner sa famille. « Je ne sais toujours pas aujourd’hui pourquoi il est parti », se plaint Bintou Tangara.

Bintou finit par diversifier sa marchandise et se trouve un étal au marché de Médine. Elle parcourt tous les matins le trajet qui mène au marché en tricycle. Une preuve pour elle que le handicap peut être surmonté et qu’il n’y a aucune raison de s’en servir comme prétexte pour ne pas travailler.

Issa Dembélé
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